Bruxelles a confirmé avoir reçu une lettre du secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, concernant une directive (loi) présentée l'an dernier et toujours en discussions entre les eurodéputés et les gouvernements européens, qui vise à encadrer et réguler l'action en Europe des fonds spéculatifs ("hedge funds") et autres fonds alternatifs (d'investissement, de capital-risque...).
Dans cette lettre, M. Geithner indique que les États-Unis s'inquiètent "d'un certain nombre de propositions qui seraient discriminatoires vis-à-vis des sociétés américaines et qui leur interdiraient l'accès au marché européen dont elles disposent actuellement".
"La relation entre les États-Unis et l'Union européenne (UE) est absolument vitale pour parvenir à une régulation efficace des marchés financiers", ajoute M. Geithner dans cette lettre dont le Financial Times avait révélé l'existence. "Je crois que nous sommes d'accord sur le fait qu'il est essentiel de respecter l'engagement pris au G20 d'éviter les discriminations et de définir des règles du jeu qui soient les mêmes pour tous", ajoute la lettre, datée du 1er mars. "La proposition de la Commission répond directement à la décision prise par le G20 de mettre en place une régulation des fonds à effet de levier en renforçant la transparence et la responsabilité de ces acteurs clés sur les marchés", a rétorqué jeudi un porte-parole de la CE, Amadeu Altafaj. "Ce que nous sommes en train de faire, nous le faisons parce qu'il y a des orientations très claires du G20", a-t-il insisté. "Il ne s'agit pas de faire du protectionnisme" ni "de discriminer selon la nationalité du produit", a également assuré jeudi dernier une source européenne.
Il n'empêche que la question du traitement des gestionnaires de pays tiers et des fonds extérieurs non-européens gérés depuis Londres reste la plus difficile, selon le rapporteur pour ce sujet au Parlement européen, le conservateur français Jean-Paul Gauzès. "Il faut que l'Europe ne soit ni une forteresse, ni une passoire", a-t-il commenté.
Du côté des gouvernements de l'UE, qui doivent s'entendre avec les eurodéputés sur la version définitive du texte, il y a également "toujours des questions en suspens, en particulier le régime des pays tiers, et en particulier avec le Royaume-Uni", selon une source diplomatique.
Une réunion jeudi dernier au niveau des ambassadeurs n'a pas permis de dégager un consensus, en raison notamment d'oppositions britanniques, selon cette source.
Le sujet doit dans tous les cas être débattu la semaine prochaine entre les ministres des Finances de l'UE, avec l'objectif d'arriver à une position générale. L'objectif est ensuite d'arriver à un accord avec le Parlement dès la première lecture.
Amadeu Altafaj s'est dit certain que le secrétaire au Trésor américain respectait le "travail interne des institutions européennes".
D'après lui, le commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier, a la "volonté de travailler étroitement avec les États-Unis" et compte se rendre dans le pays "dans les prochaines semaines".
AFP/VNA/CVN