"La Commission est prête à proposer un tel instrument européen qui a le soutien des membres de la zone euro", a indiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, dans une interview publiée lundi.
Dès le 9 mars, M. Rehn compte "informer" tous les membres de l'exécutif européen des "discussions en cours" sur le sujet, en vue de propositions qui seront faites d'ici à fin juin, a dit lundi son porte-parole.
En tout état de cause, un tel Fonds ne servirait pas à la Grèce, mais pour les crises à venir.
Les problèmes budgétaires grecs ont suscité un débat sur la nécessité pour la zone euro de se doter d'un mécanisme d'entraide financière, ce qui constituerait une révolution pour l'Union économique et monétaire mise en place en 1999.
Un tel mécanisme n'a pas été prévu en raison du blocage à l'origine de l'Allemagne qui y voyait un encouragement au laxisme budgétaire pour les pays du Sud de l'Europe.
L'ampleur de la crise grecque a toutefois changé la donne. "Je trouve l'idée bonne et intéressante", a déclaré lundi à Berlin la chancelière allemande Angela Merkel, car "nos instruments ne sont pas suffisants" et il faut "permettre à la zone euro de mieux réagir". Mais "il faudra bien entendu se demander qui va le financer" et "sous quelle forme", a-t-elle dit, estimant que cela nécessiterait de "modifier les traités" européens, et donc une procédure lourde.
Le débat sur le mode précis de fonctionnement du mécanisme s'annonce déjà animé entre Européens.
Les prêts du Fonds européen auront pour contrepartie "des conditions strictes" comme des économies budgétaires ou des réformes parfois impopulaires, a averti M. Rehn.
Les Allemands insistent beaucoup sur cet aspect. Selon le Financial Times Deutschland, Berlin souhaiterait même renforcer l'arsenal des sanctions contre les pays de la zone euro laxistes sur le plan budgétaire, avec 2 options envisagées : suppression de subventions européennes et retrait pendant au moins un an des droits de vote aux réunions ministérielles de l'Union européenne (UE).
La France, par la voix d'une source gouvernementale, a jugé lundi que la création d'un Fonds européen était "plutôt une bonne idée", tout en considérant que les instruments proposés par l'Allemagne sont "très, très lourds" et rendent nécessaire "une modification des traités".
Du coup, "ce n'est pas un sujet pour les semaines à venir, c'est un sujet pour les mois et les années à venir", a ajouté cette source.
D'autres préfèrent insister sur le volet aide financière d'un tel Fonds, plutôt que sur les contreparties à fournir. Le président du Parti socialiste européen, Poul Nyrup Rasmussen, a ainsi jugé lundi les propositions allemandes trop rigides à son goût.
Quant aux membres de la Banque centrale européenne, ils rejettent strictement l'idée d'une entraide financière entre pays de la zone euro. "Un tel mécanisme ne serait pas compatible avec les fondements de l'Union monétaire", où chaque pays doit porter la responsabilité de ses dettes, et risquerait de "saper l'acceptation de l'euro", a mis en garde son chef économiste, Jürgen Stark, dans une tribune de presse à paraître le 9 mars.
AFP/VNA/CVN