La Banque centrale (Fed) américaine a annoncé la semaine dernière qu'elle s'attaquait à la question des bonus dans la banque, conformément aux recommandations approu-vées fin septembre à Pittsburgh par les membres de ce groupe réunissant les principaux pays avancés et émergents.
Alors même que tarde la concrétisation de leur promesse faite au G20 de Londres (en avril dernier) de prêter 100 milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI), cette annonce de la Fed surprend par sa rapidité, dans la mesure où la question des bonus avait été imposée à l'ordre du jour de Pittsburgh par les Européens, et que les États-Unis ont pu y sembler peu réceptifs dans un premier temps.
Après la Grande-Bretagne et la France, qui ont commencé à transposer à leur échelle les recommandations du G20, sur les bonus, les États-Unis apparaissent donc le trio de tête des pays avançant sur la question.
Et la Fed semble déterminée. Notant que "les pratiques du secteur financier en matière de primes et de bonus ont été l'un des nombreux facteurs ayant contribué à la crise", elle enjoint les banques à revoir dès maintenant leur politique en la matière, sous peine de sanctions, avant même la publication d'une nouvelle directive sur le sujet qu'elle souhaite voir adoptée rapidement.
Dans le prolongement de cette action, le président de la Fed, Ben Bernanke, a laissé entendre que les engagements de son pays pris au G20 "d'élever les normes en matière de capitaux", et de "créer des instruments plus puissants pour assurer que les grandes sociétés multinationales financières assument la responsabilité des risques qu'elles prennent" n'étaient pas pour lui des vains mots. L'heure est venue d'agir "pour faire baisser la probabilité de toute future crise et d'en atténuer la gravité", a-t-il dit.
Jugeant que les plus grosses sociétés financières devaient payer pour les risques qu'elles font courir à la collectivité, il a redit que la Fed travaillait "avec les autres régulateurs américains et internationaux" à établir des normes de capital et de liquidités plus strictes pour ces entrep- rises-là.
M. Bernanke a même lâché au détour d'une phrase qu'"une des solutions envisagées" n'était pas moins que d'"imposer une surtaxe sur leur capital", notion difficilement envisageable aux États-Unis avant la crise.
Le vice-président de la Fed, Donald Kohn, a affirmé, pour sa part, que "le processus de résolution des problèmes" mis en évidence par la crise ne faisait "que commencer".
Et alors que le président de la banque britannique Barclays, Marcus Agius, s'est inquiété en début de semaine que les nouvelles règles sur les bonus ou les obligations de capital dans les banques ne nuisent aux banques britanniques, du fait d'une application inégale selon les pays (ils visaient clairement les États-Unis), M. Kohn a insisté sur l'importance de la coopération internationale pour "éviter que les règles du jeu ne soient pas les mêmes pour tous".
Il y a loin, bien sûr, de la parole aux gestes, mais au moins les intentions des États-Unis sont affichées clairement alors mêmes que certains de leurs partenaires doutaient encore fortement de leur détermination il y a peu.
AFP/VNA/CVN