Etats-Unis : les gros groupes financiers doivent payer, selon la Fed

Le président de la Fed, Ben Bernanke, a dit souhaiter le 23 octobre que le secteur financier, sauvé de la faillite à coup de centaines de milliards d'argent public, soit taxé pour les risques qu'il fait peser sur la collectivité.

Après avoir dû renier tous ses principes en volant aux secours de plusieurs institutions financières américaines de premier plan en 2008, M. Bernanke, qui semble vouloir redonner à la Banque centrale américaine (Fed) la crédibilité que la crise lui a fait perdre en matière de régulation financière, a avancé des idées remettant totalement en cause l'héritage de la révolution libérale américaine entamée dans les années 1980.

"Tout coût imputé à l'État pour le démantèlement ordonné (d'entreprises financières) devrait être supporté par l'industrie financière, par le biais d'une contribution, et non par les contribuables", a déclaré M. Bernanke lors d'une conférence à Chatham, dans le Massachusetts (Nord-Est des États-Unis).

La question du démantèlement ordonné des entreprises dites "systémiques" (c'est-à-dire dont la faillite risquerait de mettre en péril l'ensemble du système financier) est au cœur du projet de loi de réforme de la régulation financière examiné actuellement par le Congrès américain.

Ce texte prévoit de donner à l'État les moyens de saisir une entreprise systémique menaçant de s'écrouler, pour organiser dans le calme son démantèlement.

L'idée est d'élargir les pouvoirs dont dispose déjà un des régulateurs, la FDIC, pour les banques.

La FDIC est financée par une cotisation des banques, et M. Bernanke estime qu'il faut étendre cette provision à toutes les plus grandes entreprises financières, quel que soit leur statut : compagnies d'assurances (comme l'assureur AIG, nationalisé de fait depuis sa quasi-faillite en 2008), fonds d'investissements, société de capital-risque etc.

Alors même que la Fed a enjoint jeudi dernier les banques de revoir leur politique de primes et de bonus, M. Bernanke semble montrer que la Banque centrale américaine n'a pas l'intention de relâcher la pression en matière de régulation.

Pour réduire les risques que les plus grosses entreprises du secteur font courir "à la stabilité financière et à l'économie", M. Bernanke a jugé essentiel l'établissement d'un "processus crédible qui imposerait des pertes aux actionnaires et aux créditeurs des entreprises" systémiques qui viendraient à être saisies par l'État.

Aux yeux de la Fed, le développement d'entreprises financières géantes ayant pu croire qu'elles pourraient compter sur un soutien sans faille de l'État a été l'un des facteurs ayant contribué à la crise financière.

Pour M. Bernanke, l'heure est venue de "faire baisser la probabilité de toute future crise et d'en atténuer la gravité".

S'il a redit que la Fed travaillait "avec les autres régulateurs américains et internationaux" à établir des normes de capital et de liquidités plus strictes pour les entreprises financières les plus importantes, il a lâché au détour d'une phrase qu'"une des solutions envisagées" n'était pas moins que d'"imposer une surtaxe sur leur capital", notion difficilement envisageable aux États-Unis avant la crise.

S'exprimant à la même conférence que M. Bernanke, le vice-président de la Fed, Donald Kohn, a jugé bon de préciser qu'en matière de régulation financière, les efforts devaient être coordonnés à l'échelle de la planète afin "d'éviter que les règles du jeu ne soient pas les mêmes pour tous".

AFP/VNA/CVN

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