La campagne est destinée à "inviter le grand public à s'interroger sur +ce qui se cache derrière nos achats+" et inciter à "un changement de comportement chez les consommateurs", explique l'OIM dans un communiqué.
"Beaucoup de personnes font l'objet de traite en Europe et nous avons la conviction que les racines de ces traites ne sont ni la pauvreté, ni les inégalités sexuelles, ni les conflits", a expliqué le responsable du Programme de lutte contre les trafics à l'OIM, Richard Danziger, lors d'une conférence de presse.
"La traite des êtres humains est tout simplement motivée par la demande de main-d'œuvre et de produits excessivement bon marché provenant de toutes les régions du monde", résume le directeur général de l'OIM, William Lacy Swing, cité dans le communiqué.
Quelque 12,3 millions de personnes sont victimes de travail forcé, asservies ou sexuellement exploitées, selon le Bureau international du travail (BIT).
L'OIM relève pour sa part que la traite et l'exploitation illégale de migrants "n'a cessé d'augmenter ces 10 dernières années" et en particulier depuis 5 ans avec pour principales victimes des hommes et des garçons.
"Dans certains secteurs de l'économie, tel que la construction et l'agriculture, la croissance et les bénéfices dépendent de la main-d'œuvre irrégulière bon marché. Or l'exploitation ne devrait pas être le moteur de la croissance économique", estime encore M. Swing.
La campagne européenne de l'OIM va s'appuyer sur un spot télévisé montrant des personnes enfermées derrières les barreaux d'un caddie à l'envers ainsi qu'un site internet (www.buyresponsibly.org).
L'OIM suspecte les responsables de magasins et même les hommes d'affaires de ne pas être conscients des conditions dans lesquelles sont fabriqués les produits, tout simplement parce qu'ils ne posent pas la question.
Selon l'organisation, rien qu'en juillet, environ un millier de migrants marocains sont arrivés dans le Sud de l'Italie où ils ont trouvé du travail dans des fermes, payés de 15 à 25 euros la journée et vivant dans des conditions sordides.
L'OIM ne manque pas d'exemples sur ces travailleurs attirés par des offres mensongères comme celui d'une jeune chinoise, Ling, qui a quitté son pays à 19 ans, convaincue de trouver un travail bien rémunéré à l'étranger.
Elle s'est finalement retrouvée employée dans une usine textile à trimer 16 heures par jour, n'ayant pas l'autorisation d'aller ailleurs que dans le petit appartement qu'elle partage avec 6 autres employées. Quant aux 800 euros promis par mois, elle n'en a jamais vu la couleur. Certains mois, elle n'a même pas été payée.
Et l'OIM de conclure : "Vous avez peut-être acheté un pull fait par Ling".
AFP/VNA/CVN