Une foire d’emploi pour les handicapés à Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : Phuong Vi/VNA/CVN |
«Malgré mon handicap aux jambes, je peux travailler avec les mains, comme une personne valide. Je souhaite trouver un emploi stable pour gagner ma vie. Mais beaucoup d’entreprises m’ont refusé, pour des raisons que j’ai dû mal à comprendre», confie avec tristesse Dô Anh Thu, de Hô Chi Minh-Ville.
Combattre les préjugés
La mégapole du Sud compte 15.000 personnes handicapées en âge de travailler dont seulement 40% ont une activité rémunérée. En plus, la plupart de ces derniers ne conservent pas leur emploi sur le long terme. En cause, les conditions de travail qui ne leur conviennent pas, les revenus trop bas, de l’ordre de 2,5 à 3 millions de dôngs par mois.
Il ne faut pas se leurrer, peu nombreuses sont les entreprises prêtes à recruter des handicapés. Trân Thi Doan, une responsable du Centre de patronage, d’apprentissage et de création d’emplois pour les handicapés de Hô Chi Minh-Ville, fait savoir qu’«une fois formés, les personnes en situation de handicap ont beaucoup de difficultés à trouver un emploi. On leur reproche notamment une productivité inférieure à celles des personnes valides, une certaine lenteur». Les préjugés sont encore incontestablement le frein le plus important à l’embauche. Il faut donc faire évoluer les mentalités et changer le regard de la société sur les personnes handicapées.
La qualité de l’apprentissage est aussi pointée du doigt. Les équipements des centres de formation sont dépassés alors que les entreprises renouvellent continuellement les leurs. Aussi les handicapés recrutés doivent-ils souvent suivre une remise à niveau lorsqu’ils intègrent une nouvelle entreprise.
Améliorer la formation
Pour aider les handicapés à trouver un emploi stable, Mme Doan estime qu’«il faut améliorer leur qualification professionnelle. Ils doivent être formés pour répondre immédiatement aux besoins des entreprises sans passer par une période de remise à niveau».
Certaines entreprises cependant recrutent volontiers des handicapés, mais demandent plus de soutien de la part des autorités. «Ma compagnie, créée il y a un an, compte recruter 70% des travailleurs handicapés», explique Ngô Viêt Hung, président du conseil d’administration de la Compagnie de fabrication des produits végétaux Khiêt Tâm, à Hô Chi Minh-Ville. En plus d’un salaire de 3 millions dôngs par mois, ils bénéficieront d’aides en termes de logement et de nourriture. Ils sont déjà cinq et seront 30 dans un proche avenir. Mais M. Hung déplore certaines lourdeurs administratives : «Nous rencontrons des difficultés dans l’obtention du permis d’élargissement de nos établissements et de construction de logements pour nos travailleurs». Selon lui, en tant qu’employeur de personnes handicapées, il devrait bénéficier au contraire de certaines facilités.
Une idée partagée par Trân Thanh Châu, directrice d’une entreprise de couture dans l’arrondissement de Thu Duc, Hô Chi Minh-Ville. «À côté des efforts des handicapés eux-mêmes, l’État devrait aider les entreprises, par exemple en baissant les taxes».
Pour une meilleure insertion des handicapés
D’après Dào Manh Thuy, un responsable du Département de formation professionnelle (ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales), parmi les travailleurs formés dans l’ensemble du pays, les handicapés ne sont que 0,4%, alors qu’ils représentent 8% de la population nationale. Le Vietnam compte 6,7 millions d’handicapés, dont 60% en âge de travailler. La plupart vivent dans les zones rurales où les conditions de vie sont modestes. Leur insertion dans la société pose problème et ils sont souvent à la charge de leur famille.
Dans le Centre d’apprentissage pour les handicapés de Hô Chi Minh-Ville |
Photo : Manh Linh/VNA/CVN |
Le Vietnam a signé la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui sera ratifiée cette année. Parallèlement, le pays a promulgué en 2010 une loi sur les personnes handicapées et des textes d’application.Les politiques de l’État encouragent et favorisent ces personnes dans l’exercice de leurs droits politiques, économiques, culturels et sociaux. Elles les soutiennent pour qu’elles puissent avoir une vie normale, s’insérer dans la société et participer aux activités sociales. Trois axes sont privilégiés : santé, réhabilitation fonctionnelle et formation professionnelle.
Le Premier ministre Nguyên Tân Dung a approuvé le projet d’aide aux handicapés pour la période 2012-2020. L’objectif est de les aider à valoriser leurs capacités et à mieux s’insérer professionnellement. Pour la période 2012-2015, les objectifs sont les suivants : 70% des handicapés bénéficieront de services de santé sous diverses formes, 60.000 d’opérations chirurgicales et de réhabilitation fonctionnelle, 60% des enfants handicapés devront être scolarisés, ou encore 250.000 handicapés en âge de travailler devront suivre un cours d’apprentissage. Pour la période 2016-2020, les objectifs seront revus à la hausse.
Parallèlement, les activités de communication autour du handicap seront renforcées, pour faire reculer certains préjugés. En outre, la coopération internationale sera renforcée. Favoriser l’accès des personnes handicapées au monde du travail n’est pas seulement une condition essentielle de leur insertion sociale et de leur autonomie financière, mais c’est surtout poser avec force un principe fondamental : la non- discrimination dans la société.
Huong Linh/CVN