En 1994, seules deux universités proposaient l’enseignement à distance. Aujourd’hui, elles sont une trentaine à le faire dans tout le pays, avec un effectif d’environ 300.000 étudiants par an. Sur cette liste, des établissements renommées comme les Universités ouvertes de Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, l’École nationale supérieure d’économie, l’Institut des télécommunications, les Universités de Hanoi, de Hô Chi Minh-Ville, de Huê, de Binh Duong, pour ne citer qu’elles.
Les disciplines, très variées, concernent notamment des domaines demandés sur le marché du travail : technologies de l’information, comptabilité, banque et finance, gestion d’entreprise, langues étrangères, tourisme, etc.
L’enseignement à distance s’adapte bien aux contraintes de temps et à l’organisation des personnes voulant concilier activité salariale et formation. |
Photo : Truong Trân/CVN |
Selon Lê Van Thanh, recteur de l’Université ouverte de Hanoi - une des deux pionnières dans ce domaine, l’enseignement à distance est né de la volonté de rendre accessible la formation pour tous. Elle s’impose aujourd’hui comme une méthode de formation à part entière car elle possède de nombreux avantages. «Les frais s’en trouvent amoindris. Les étudiants peuvent travailler de façon autonome et indépendante, tout en développant leur esprit de curiosité et de recherche», détaille M. Thanh. Et d’ajouter que cette méthode s’adapte bien aux contraintes de temps et à l’organisation des personnes voulant concilier activité salariale et formation. «Et le plus important, c’est que le diplôme à la même valeur que celui obtenu à l’issue de la formation +traditionnelle+».
La qualité pas toujours au rendez-vous
Selon le règlement du ministère de l’Éducation et de la Formation, l’enseignement à distance doit satisfaire deux critères : fourniture des manuels et documents nécessaires aux étudiants par le biais de leur courriel personnel ; organisation des cours en ligne pour répondre aux questions des apprenants.
Nguyên Khac Chinh, étudiant en 4e année à l’École supérieure des technologies de l’information (Université nationale de Hô Chi Minh-Ville), informe qu’une fois inscrit au programme de formation à distance, l’apprenant reçoit ses identifiants d’accès (compte, mot de passe) au portail de l’école. Cela se montre très utile dans le contexte où l’envoi des manuels et documents par courriel ne fonctionne pas toujours comme il devrait ; l’apprenant, dans ce cas, étant obligé de les télécharger lui-même sur la page Internet de l’établissement.
Concernant les cours en ligne, ils sont organisés de manière irrégulière, avec les limites que cela entraîne d’un point de vue pédagogique. «Le rythme des leçons est trop rapide. Du coup, je n’arrive pas à les comprendre, faute de contact direct avec le professeur», se plaint Pham Thuy Duong, étudiant en technologies de l’information à l’Université de Binh Duong. Et d’enfoncer le clou en disant que la pratique ne correspond pas à la théorie.
«Nous avons un large choix en ce qui concerne les secteurs de formation à distance. En revanche, la qualité manque souvent à l’appel dans la mesure où la durée des cours est assez courte et que les contacts directs entre l’étudiant et l’enseignant se font rares», fait remarquer Hua Minh Duong, ex-étudiant de l’École normale supérieure de Cà Mau. Cela étant dit, l’objectif pour lui d’avoir en main un diplôme universitaire est plus important que celui de saisir des connaissances pratiques.
Un taux d’abandons (trop) élevé
Des experts expliquent que le plus grave problème réside dans le manque de normes nationales, uniformisées, dans cette méthode de formation. Chaque établissement a sa propre méthode pédagogique, ses propres manuels. La gestion des effectifs d’enseignants est aux abonnées absentes, avec parfois pour conséquence un manque de formateurs. De plus, pour espérer terminer une formation à distance, les apprenants doivent disposer de quatre grandes qualités : motivation, autonomie, discipline et autogestion. Des qualités que les jeunes Vietnamiens ne sont pas habitués à travailler.
Ces difficultés - additionnées les unes aux autres - entraînent fatalement des abandons, et en nombre. Lê Van Thanh, recteur de l’Université ouverte de Hanoi, informe que son établissement enregistre chaque année environ 9.000 inscriptions à la formation à distance. «Mais la moitié des inscrits abandonnent en cours de route, et seuls entre 16% et 30% d’entre eux obtiennent leur diplôme», détaille-t-il.
Selon le Docteur Nguyên Ngoc Hà, de l’Institut de la philosophie, «si la formation à distance - telle qu’elle est donnée aujourd’hui - pose problème d’un point de vue qualitatif, c’est avant tout en raison du fait que les critères exigeants qu’elle implique ne sont pas respectés». Et d’affirmer que cette méthode d’enseignement ne sera pas inférieure à celle traditionnelle «une fois qu’un programme pédagogique national commun sera établi pour chaque domaine de formation». Sans oublier de renforcer le contrôle des épreuves de fin d’études pour améliorer la qualité des diplômés.
Durée de la formation à distance :
• De 2 à 4 ans pour les diplômés universitaires
Linh Huong/CVN