Les frictions entre les deux pays avaient pris un tel tour que le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, s'est rendu à Tunis pour rencontrer le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, lors d'une visite éclair en marge d'un voyage prévu de longue date en Syrie et en Jordanie.
À l'issue de l'entretien, M. Frattini a indiqué lui avoir offert une "coopération pragmatique et opérationnelle dans le respect de la souveraineté de l'État tunisien" pour endiguer l'exode de clandestins, a indiqué l'agence TAP.
Le ton était monté ce week-end entre Rome et Tunis après l'arrivée en cinq jours de quelque 5.000 clandestins sur l'île italienne de Lampedusa (138 km des côtes tunisiennes), pour la plupart des Tunisiens partis chercher un emploi en Europe.
Le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, avait indiqué dimanche son intention de demander l'envoi de ses policiers en Tunisie, une idée jugée "inacceptable" par Tunis qui avait rejeté "toute ingérence dans ses affaires intérieures" et toute "atteinte à sa souveraineté", tout en se disant" prêt à coopérer.
L'Italie a également décidé d'une aide d'urgence de cinq millions d'euros pour la Tunisie et annoncera une ligne de crédit de 100 millions lors de la conférence internationale sur les réformes dans ce pays prévue en mars à Carthage, a indiqué Frattini.
La tension entre les deux pays s'était imposé à l'ordre du jour de la chef de la diplomatie européenne, la Britannique Catherine Ashton, arrivée le 14 février à Tunis pour une visite destinée au départ à apporter le soutien de l'UE aux réformes politiques et à la relance économique cruciale pour la transition.
"La Commission à Bruxelles est en contact avec la Tunisie et l'Italie pour régler ce problème de clandestins", avait-elle indiqué lors d'une conférence de presse alors que l'Italie avait demandé "l'intervention urgente" de l'UE.
Le 14 février, les arrivées de migrants tunisiens à Lampedusa ont cessé, selon l'Organisation internationale sur les migrations (OIM).
Mme Ashton a annoncé que l'UE allait "immédiatement débloquer 17 millions d'euros pour aider le gouvernement" et 258 millions d'euros d'ici à 2013.
Elle a également espéré que le "statut avancé" serait prêt à être ratifié par le gouvernement issu des élections prévues dans six mois. La Tunisie tient particulièrement à obtenir de l'UE ce statut qui ouvre la voie à un traitement douanier préférentiel.
AFP/VNA/CVN