Attaqué la semaine dernière par des marchés qui doutaient de sa solidité, l'euro a repassé brièvement le seuil symbolique des 1,30 dollar avant de revenir à 1,2778 dollar vers 21h00 GMT, un rebond limité après que l'agence de notation Moody's eut prévenu dans la soirée qu'elle comptait toujours abaisser les notes de la Grèce et du Portugal malgré le plan de secours.
Quant aux Bourses, elles se sont envolées, certaines enregistrant des rebonds historiques, regagnant le terrain perdu la semaine dernière : plus de 9% à Paris et Bruxelles, autour de 5% à Francfort, Zurich et Londres, cette dernière pourtant confrontée aux incertitudes de politique intérieure.
Le rebond le plus spectaculaire a été enregistré dans les pays fortement attaqués la semaine dernière : autour de 11% à Lisbonne et Milan, 9% à Athènes, 14% à Madrid, la plus forte hausse de son histoire.
La Bourse de New York, elle aussi rassérénée, a enregistré sa plus forte hausse de l'année : le Dow Jones a gagné 3,90% et le Nasdaq 4,81% en clôture, selon des chiffres provisoires.
Pendant tout le week-end, les dirigeants européens avaient travaillé d'arrache-pied pour présenter avant l'ouverture des Bourses les "mesures énergiques pour redonner confiance aux marchés" demandées par Barack Obama. Le président américain était intervenu face au risque d'extension mondiale de la crise, partie de craintes d'un défaut de paiement de la Grèce.
Au final, c'est un plan de sauvetage d'une ampleur inédite qui a été annoncé quelques heures avant l'ouverture des Bourses. Jusqu'à 60 milliards d'euros de prêts de la Com- mission européenne; jusqu'à 440 milliards d'euros en prêts et garanties via un organisme spécial ; jusqu'à 250 milliards d'euros du Fonds monétaire international.
Pour faire bonne mesure, la Banque centrale européenne (BCE) devait procéder à des achats de titres obligataires d'États, ce qui revient à leur prêter de l'argent, pour faire barrage à la spéculation. Les banques centrales allemande et française ont commencé à le faire dès le 10 mai.
Cet accord inédit a été salué comme "un grand pas en avant" par le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et les politiques.
Pour le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le plan "va assurer que toute tentative pour affaiblir la stabilité de l'euro- échouera". Mais il faudra "renforcer la gouvernance économique et le respect des obligations" que les États membres ont en matière de déficits. La Commission doit faire aujourd'hui des propositions en ce sens.
Assurant que la BCE n'avait pas subi de "pression" pour avaliser cet accord qui déroge à ses principes, son président Jean-Claude Trichet a jugé "absolument crucial" que les gouvernements européens atteignent leurs objectifs fiscaux.
La chancelière allemande Angela Merkel, qui a longtemps hésité à s'engager, s'est réjouie d'un plan pour "renforcer et protéger l'euro". Mais il faut "attaquer les problèmes à la racine", soit les déséquilibres budgétaires, a-t-elle insisté.
Le Portugal et l'Espagne, perçus comme des "maillons faibles" par les marchés, ont promis des mesures supplémentaires pour réduire leurs déficits. Madrid devrait ainsi réduire de 0,5 point de PIB le déficit en 2010 et de un point en 2011.
AFP/VNA/CVN