États-Unis : nouveau plaidoyer d'Obama contre les armes à feu

Barack Obama a renouvelé le 3 avril son appel à un renforcement des réglementations sur les armes à feu, alors que les textes en négociation au Congrès ont peu à peu été vidés de leur substance, trois mois après le massacre de 20 enfants dans une école de Newtown.

Barack Obama prononce un discours sur le contrôle des armes à feu, le 3 avril dans une école de police à Denver. Photo : AFP/VNA/CVN

Le président américain s'est exprimé depuis Denver (Ouest), non loin des lieux d'une autre tuerie récente, celle d'Aurora, qui avait fait 12 morts dans un cinéma en juillet 2012. Dans l'école de police de la capitale du Colorado, M. Obama a demandé aux Américains de se joindre à lui "pour appeler le Congrès à adopter des mesures de bon sens afin de réduire la violence due aux armes".

Le Colorado, dans la foulée d'Aurora, a adopté un renforcement de sa législation sur les armes. À partir de juillet, les antécédents judiciaires des acheteurs seront vérifiés lors de ventes de particulier à particulier, et les chargeurs de plus de 15 cartouches seront interdits.

"Je suis venu à Denver aujourd'hui parce que le Colorado constitue un modèle de ce qui est possible" au niveau national, a encore dit M. Obama devant plusieurs rangées de policiers en uniforme bleu marine.

Le Colorado avait déjà vécu une dramatique fusillade à Columbine en 1999 et le président a souligné que les habitants de l'État sont très attachés au 2e amendement de la Constitution, qui établit le droit à posséder des armes : "Mais il ne doit pas y avoir de conflit entre la protection de nos concitoyens et la protection du deuxième amendement", a-t-il souligné.

Des chargeurs de grande capacité ont été utilisés par les auteurs des fusillades d'Aurora et de Newtown. Cette dernière a coûté la vie en décembre à 20 enfants de CP et six membres de leur encadrement dans l'école Sandy Hook de Newtown dans le Connecticut (Nord-Est).

Ce bain de sang avait provoqué une immense vague d'émotion, et M. Obama, discret pendant son premier mandat sur ce sujet très sensible, avait solennellement promis de tout faire pour éviter qu'une telle tragédie se reproduise.

"Cela fait juste un peu plus de cent jours depuis que (...) Newtown a choqué ce pays", a martelé M. Obama. "Chaque jour que nous attendons, encore plus (de personnes) nous sont enlevées par une balle".

Ambitions revues à la baisse

Ce plaidoyer intervient alors que les réformes que le président a appelé de ses voeux --interdiction des gros chargeurs et des armes d'assaut, contrôle systématique des antécédents au niveau fédéral-- se sont heurtées à une forte résistance du Congrès, y compris chez ses alliés démocrates.

Certains d'entre eux renâclent à l'idée de sembler empiéter sur le deuxième amendement de la Constitution, qui établit le droit à posséder des armes. L'interdiction des armes d'assaut a été retirée en commission au Sénat, même s'il est question de réintroduire ce volet via un amendement.

Son proche conseiller Dan Pfeiffer a admis en creux le 3 avril la révision à la baisse des ambitions du président, qui "veut promulguer la meilleure loi possible". "Nous devons faire en sorte de faire quelque chose de mieux que la loi actuelle", a ajouté M. Pfeiffer lors d'un petit-déjeuner organisé par le journal spécialisé Politico.

M. Obama doit poursuivre le 8 avril ses appels en faveur d'une telle réforme, précisément dans le Connecticut, qui a adopté le 3 avril une législation renforçant le contrôle des armes à feu.

Dans cet État, la vérification des antécédents de tous les acheteurs d'armes à feu, qu'il s'agisse de ventes privées ou publiques, est à présent obligatoire et plus de 160 armes d'assaut, y sont désormais interdites, contre 66 précédemment. L'achat et la revente de chargeurs de grande capacité (plus de dix balles) sont également interdits. Ceux qui en possèdent n'ont pas à s'en débarrasser, mais devront être enregistrés.

AFP/VNA/CVN

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