Entreprises et banques ne se sont pas encore rencontrées

Pour aider les entreprises à sortir de leurs difficultés, les banques sont intervenues en leur proposant des crédits à taux préférentiel. Mais la réalité demeure : les entreprises ont les plus grandes difficultés à accéder au crédit bancaire.

 

 Les entreprises traversent une période particulièrement difficile.
Photo : Hà Thai/VNA/CVN


Jamais les entreprises vietnamiennes ne se sont trouvées dans une situation aussi difficile qu’aujourd’hui. Beaucoup d’entre elles ont déposé le bilan, d’autres, au bord du gouffre, ont dû suspendre leur production. De même, le nombre de sociétés créées ce premier trimestre est largement inférieur à celui des précédents premiers trimestres. Pourquoi une telle situation ?
D’abord du fait du fort recul de la demande sur les marchés domestique comme étranger en raison des difficultés qui grèvent les économies du monde. Mais aussi parce que les entreprises domestiques ont le plus grand mal à accéder au crédit bancaire. Cette deuxième raison menace directement leur existence, celles-ci n’ayant, eu regard de leur problème, aucune solution pour pallier à la conjoncture économique...
Le constat actuel est celui d’une offre qui dépasse largement la demande sur les marchés. L’augmentation des stocks des entreprises et la diminution de leurs rentrées corrélatives, alliée à une hausse continue du coût de leurs intrants qui augmentent avec le pétrole, place les entreprises dans une situation très difficile en terme de continuité de l’exploitation. D’autant plus difficile qu’elles ne peuvent augmenter leurs prix de vente du fait de la morosité de leurs marchés et de l’exigence de rester compétitives devant la concurrence.
Dans ces conditions, elles se trouvent plus que jamais acculées à recourir au financement bancaire. Mais au-delà de taux bancaires élevés ces derniers temps, les entreprises ne disposent pas de garanties suffisantes pour emprunter, les banques n’acceptant pas en général ce qu’elles peuvent donner, notamment leurs stocks. «Les conditions d’emprunt sont généralement trop difficiles. Nous avons besoin de six milliards de dôngs pour produire des sacs au service de la prochaine rentrée scolaire, mais les banques ne nous en accordent que quatre milliards. Nous leur avons proposé de prendre nos stocks en garantie mais elles nous ont immédiatement répondu non», a expliqué Nguyên Trí Kiên, directeur de la Compagnie de fabrication de sac Minh Tiên.
Chacun a ses raisons. Les banques raisonnent naturellement en termes de capacités de remboursement et, compte tenu de la conjoncture économique, les risques sont clairement plus élevés, outre une certaine frilosité – il faut le dire - au regard de l’augmentation des créances douteuses au sein du système bancaire national...
Le financement bancaire inaccessible, les entreprises en sont réduites à des expédients, fonctionner au ralenti ou suspendre temporairement leur production quand ce n’est pas pire. En effet, selon la Chambre de Commerce et d’Industrie du Vietnam (VCCI en anglais), 40.200 entreprises ont déclaré cessation des paiements lors de ces neuf derniers mois, soit 6,5% de plus que lors de la même période de 2011.
Une rencontre souhaitable et possible
À l’approche de la fin d’année, les banques cherchent à davantage fournir de capitaux aux entreprises. Mais cette année, ce n’est pas seulement en raison des besoins plus importants de fonds des entreprises - qui souvent sont du double du reste de l’année - afin de répondre à leurs commandes. En effet, à ce jour, le taux de croissance du volume du crédit est à un record de faiblesse puisqu’il n’a atteint que 2,35% sur les neuf premiers mois de l’année par rapport à fin 2011, ce alors que les banques estiment que la croissance de la mobilisation de l’épargne sera de l’ordre de 14% en fin d’année...

Les banques cherchent à ouvrir les vannes du crédit aux entreprises pour se sauver elles-mêmes.


Selon une enquête de la VCCI, 82,6% des entreprises interrogées doivent emprunter des fonds à un taux d’intérêt de 15% par an. Environ 56% d’entre elles considèrent que le loyer de l’argent est trop élevé, en particulier sur le long terme. Elles ont en conséquence demandé à la Banque d’État de réduire encore le taux d’intérêt à moins de 10% en prenant exemple des pays de la région où sont pratiqués des taux moindres de 3-4%.
De son côté, la Banque d’État a demandé avec insistance aux banques commerciales locales de travailler avec les entreprises afin de les aider à relever la tête hors de l’eau. Le gouverneur de la Banque d’État, Nguyên Van Binh, a souligné que les banques ne pourraient se développer qu’avec les entreprises, et sauver celles-ci, c’est se sauver soi-même... «On donnera une bonne notation aux banques qui iront dans le sens des entreprises, et l’on sanctionnera celles qui ne le feront pas. Pour ce, des contrôles seront effectués afin de s’assurer d’une coopération plus étroite entre banques commerciales et entreprises», a donc prévenu Nguyên Van Binh.

Thê Linh/CVN

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