Selon une enquête préliminaire, "60 à 70 non-combattants ont péri" dans la frappe aérienne de l'OTAN contre 2 camions-citernes volés par les talibans aux forces internationales, affirme ARM dans un rapport de 2 pages donnant de nombreux détails et fondé sur "15 entretiens avec des habitants" de la zone.
En plus des civils, "plus d'une dizaine d'hommes armés auraient péri dans cet incident", selon ARM, qui conclut que "la majorité des victimes sont des non-combattants dont certains ont été si grièvement brûlés que toute identification est rendue impossible".
Dans tous les cas, "il n'y avait aucune indication convaincante que les voleurs préparaient une attaque imminente avec les citernes contre des cibles militaires afghanes et internationales", souligne l'organisation non-gouvernementale.
Le gouvernement allemand, dont un officier a ordonné la frappe, a estimé que l'opération était nécessaire car il craignait que ses soldats ne soient attaqués à l'aide des citernes.
Le bilan de l'opération reste controversé et hautement sensible, au moment où les violences embrasent le pays et que l'Afghanistan affronte une crise politique dans l'attente du résultat de l'élection présidentielle, entachée de fraudes.
Les sources officielles ont toutes évoqué pour l'instant une majorité de talibans tués. Plusieurs enquêtes (gouvernement afghan, ONU, OTAN, diverses ONG) sont en cours.
L'OTAN a reconnu que des civils avaient été tués, sans donner de chiffre, tandis que le gouverneur de Kunduz parlait de 48 talibans et 6 civils tués.
Les 2 camions-citernes avaient été détournés jeudi soir par les talibans. L'un des camions s'était enlisé près d'une rivière, et les insurgés avaient alors appelé les villageois voisins à venir se servir en essence, ce que des dizaines de personnes, selon des témoins, étaient en train de faire au moment du bombardement, vendredi vers 02h00 (jeudi 21h30 GMT).
"Des dizaines de villageois locaux s'étaient rassemblés autour des citernes. Certains ont été forcés par les pirates de la route à dégager le camion embourbé, pendant que d'autres se sont précipités pour siphonner l'essence gratuite", raconte ARM.
"Même si toutes les victimes étaient des partisans des talibans, le fait que la plupart d'entre elles étaient désarmées et n'étaient pas engagées dans une activité guerrière ne permet pas de justifier ce massacre" et le largage de "2 bombes de 250 kilos" sur le site, estime Ajmal Samadi, directeur d'ARM.
L'Alliance a annoncé récemment une nouvelle stratégie visant à épargner les civils et gagner la sympathie de la population.
Les bavures des forces internationales se sont multipliées ces derniers mois. Les civils restent les premières victimes du conflit afghan.
AFP/VNA/CVN