En Suisse, la bataille des énergies renouvelables se glisse dans les urnes

Le plus grand parc éolien de Suisse se dresse sur les crêtes du Jura, à deux pas de la frontière française, mais ne compte que 16 turbines à vent. Un chiffre dérisoire en comparaison à d'autres pays.

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Une vue sur les panneaux solaires installés sur des paravalanches dans les alpes valaisannes, le 3 août 2022 à Bellwald. 
Photo : Keystone/CVN

Le pays alpin - qui vise la neutralité carbone d'ici 2050 - veut, grâce à une loi adoptée l'an dernier, accélérer le développement des énergies renouvelables, dont la part dans la production nationale est infime, loin derrière l'hydroélectricité (56,6%) et le nucléaire (32,4%).

Mais des organisations environnementales ont lancé un référendum contre la loi qui, selon elles, conduira à un "saccage inutile de paysages".

Le plus grand parti de Suisse, l'UDC, une formation de droite radicale, est à leurs côtés, au nom surtout de la défense du nucléaire.

"Ce n'est pas avec des énergies renouvelables, surtout implantées sur les montagnes et les crêtes du Jura, qu'on va réussir à garantir la sécurité d'approvisionnement", a indiqué Yvan Pahud, député UDC, insistant aussi sur le caractère "fluctuant" de ces énergies.

À l'origine du référendum, sur lequel les Suisses votent dimanche 9 juin, Pierre-Alain Bruchez considère qu'"il n'y a pas de raison de mettre des panneaux photovoltaïques sur les alpages, quand il y a tellement d'espace" sur les bâtiments et infrastructures.

Cet économiste à la retraite s'est lancé dans la bataille lorsqu'il a pris connaissance du projet Grengiols-Solar visant à installer, d'ici 2030, quelque 230.000 modules solaires à environ 2.500 m d'altitude dans le Valais, "une vision d'horreur" selon lui. "Il ne faut pas sacrifier la nature sur l'autel du changement climatique", a-t-il dit.

La loi vise à augmenter rapidement la production hydraulique, éolienne et solaire, et prévoit que cette dernière se développe avant tout sur les toits et les façades.

Elle instaure des "conditions de planification facilitées" pour les éoliennes, les grandes installations solaires et les projets hydroélectriques. "Cette loi affaiblit la protection de la nature en Suisse", a indiqué Vera Weber, présidente de la Fondation Franz Weber de protection de la nature et des animaux, qui a aussi lancé le référendum.

Remplacement d’une chaudière à mazout dans une maison zurichoise. 
Photo : Keystone/CVN

Le gouvernement reconnaît que "les recours devant les tribunaux" contre les projets énergétiques "auront probablement moins de chance d'aboutir qu'auparavant".

Mais, souligne-t-il, il restera interdit de construire de grandes installations dans "les biotopes d'importance nationale" et "les réserves d'oiseaux migrateurs", même si des exceptions sont prévues, par exemple dans certaines "marges proglaciaires" apparues suite au retrait de glaciers.

Il fait aussi valoir que 15 projets hydroélectriques (des nouvelles constrictions et des rehaussements de barrages) ont reçu le feu vert de WWF et Pro Natura.

"Plus de 80% du développement prévu des énergies renouvelables doit se faire avec du solaire sur les bâtiments existants, et des mesures efficaces contre le gaspillage d'électricité sont enfin introduites", a indiqué le WWF, qui soutient la loi avec d'autres ONG environnementales.

"Les avantages du projet l'emportent nettement", selon Patrick Hofstetter, expert au WWF.

Ce vote intervient peu après la condamnation de la Suisse, début avril, par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour son manque d'initiatives contre le réchauffement climatique.

Une condamnation électrochoc : selon un dernier sondage, 73% des Suisses soutiennent la loi.

Greenpeace Suisse aussi, selon qui elle "préserve les biotopes d'importance nationale" et permet à la Suisse de "surmonter sa dépendance aux énergies fossiles comme le pétrole et le gaz, qui proviennent souvent d'États belliqueux".

Un argument repris par la députée libérale-radicale Jacqueline de Quattro. "On est dépendant, à raison de 8 milliards par année, d'importations fossiles aussi peu démocratiques que le gaz russe ou le pétrole des pays arabes".

Elle insiste également sur la responsabilité des Suisses qui veulent toujours plus d'électricité pour leur confort. "On doit aussi accepter de temps en temps de voir une éolienne à l'horizon, d'avoir un panneau photovoltaïque sur le toit du voisin".

Elle dénonce par ailleurs la lenteur des procédures relatives aux recours déposés contre la construction d'installations d'énergies renouvelables, appelant à "mettre fin à cette jungle" en définissant clairement, grâce à la loi, les endroits protégés et ceux "où l'on peut et doit produire".

AFP/VNA/CVN

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