Les résultats de l'essai de phase trois du vaccin mis au point par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline avec l'aide de la Fondation Gates -dernier stade avant la mise sur le marché- ont été dévoilés aux États-Unis. Le vaccin RTS,S est considéré comme le plus avancé contre le paludisme.
L'essai clinique de ce premier vaccin pour protéger d'une maladie provoquée par un parasite est mené dans sept pays d'Afrique subsaharienne depuis 2009 dans onze sites, auprès de 16.000 nourrissons et jeunes enfants.
Il a montré que trois doses permettaient une protection de 56% contre le paludisme et de 47% contre la forme la plus grave de la maladie, lorsqu'elle touche des organes comme le cerveau ou les reins et devient mortelle.
L'analyse de ces résultats a été effectuée sur des données provenant des 6.000 premiers enfants vaccinés, âgés de six à 17 mois, durant une période de 12 mois qui a suivi la vaccination.
"Ceci prouve qu'il est possible de créer un vaccin efficace contre le paludisme", souligne Bill Gates, dont la fondation finance une initiative contre le paludisme lancée en 2001. Si d'autres résultats montrent que l'efficacité du RTS,S ne faiblit pas au cours du temps, ce vaccin a le potentiel de protéger des millions d'enfants et de sauver des milliers de vies, ajoute-t-il.
Les résultats de cet essai clinique ont été présentés au second Forum sur le paludisme organisé cette semaine à Seattle par la Fondation Gates et qui réunit 300 spécialistes de la maladie et des responsables gouvernementaux. Ils sont également publiés dans la version en ligne du New England Journal of Medicine.
Bill Gates a lancé un appel devant le Forum pour poursuivre les efforts de la communauté internationale, qui ont déjà permis de réduire la mortalité résultant du paludisme de 20% depuis 2000.
"Si nous sommes ambitieux, si nous mobilisons davantage de partenaires et prenons des risques bien calculés, nous inventerons de nouvelles approches pour combattre le paludisme (...) des innovations qui nous donneront les moyens de finir par l'éradiquer", a-t-il ajouté.
Malgré des progrès importants ces dernières années -utilisation étendue de moustiquaires imbibées d'insecticide, pulvérisations d'insecticide sur les murs des habitations et accès aux médicaments à base d'artémisinine - la maladie tue encore 781.000 personnes par an, à 85% des enfants de moins de cinq ans en Afrique sub-saharienne, selon l'Organisation mondiale de la santé.
Le paludisme prive aussi le continent africain de ressources essentielles à son développement, avec 12 milliards de dollars dépensés annuellement en frais de santé et en productivité perdue, soit l'équivalent de l'aide internationale destinée annuellement à l'Afrique.
Le vaccin RTS,S a été mis au point en 1987 par GlaxoSmithKline et a été le premier vaccin à montrer son efficacité chez de jeunes enfants et les nourrissons dans des zones de paludisme endémique.
Des études publiées en 2007 et 2008 montraient déjà que la vaccin réduisait la prévalence de 65% chez les nourrissons durant les trois mois suivant la vaccination.
L'autre vaccin antipaludéen concurrent, le MPS3 a montré une efficacité de 64 à 77% pour réduire le risque de paludisme dans un petit essai clinique de phase 1 mené par des chercheurs de l'Institut Pasteur avec 45 enfants de 12 à 24 mois au Burkina Faso.
AFP/VNA/CVN