Crise ivoirienne: les discussions terminées pour Ouattara

Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale, a affirmé le 3 janvier que pour lui les discussions étaient "terminées", alors que des émissaires africains tentaient de trouver une issue à la crise lors d'un dernier entretien avec son rival, Laurent Gbagbo.

"Pour nous, les discussions sont terminées", a déclaré à la presse M. Ouattara, à l'issue de plus de deux heures de discussions en fin de journée avec les médiateurs de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

Ces émissaires "vont retourner voir M. Gbagbo pour lui dire" que "je suis le président élu" à l'issue du scrutin du 28 novembre dernier et "qu'il doit quitter le pouvoir dans les plus brefs délais", a-t-il ajouté.

M. Ouattara, retranché au "Golf hôtel" d'Abidjan avec son gouvernement - sous la protection de 800 casques bleus et un blocus routier des forces fidèles au régime Gbagbo - a ainsi rejeté la mise en place d'un "comité d'évaluation" de la crise post-électorale, proposée par son adversaire.

Le Premier ministre kényan, Raila Odinga, envoyé par l'UA, et les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), mandatés par la Cédéao, ont retrouvé dans la soirée Laurent Gbagbo au palais présidentiel après un premier entretien dans l'après-midi.

Leur première rencontre a été "utile", avait seulement dit Raila Odinga, en présence d'un Laurent Gbagbo souriant.

La Cédéao a exigé le retrait de M. Gbagbo au profit de M. Ouattara et menacé le président sortant d'user de la force, un "dernier recours" actuellement en préparation, s'il ne se pliait pas à cette injonction.

La Sierra Leone avait averti le 3 janvier qu' "aucun compromis" n'était envisageable, près d'une semaine après une première mission infructueuse de MM. Yayi, Koroma et Pires, et assuré que la discussion ne devait porter que sur les conditions pour "faciliter" le départ de M. Gbagbo.

S'il refuse de céder, la communauté internationale n'aura "pas d'autre choix" que la force, a insisté le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).

Raila Odinga, qui lui-même avait suggéré la manière forte, avait prévu de voir le 3 janvier à Abuja le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'État nigérian, Goodluck Jonathan, qui a promis de "nouveaux pas" dès hier. Mais il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir si ce rendez-vous était maintenu.

Washington est prêt à "envisager" l'accueil aux États-Unis de M. Gbagbo, s'il le demande, pour aider à clore la crise, a dit un haut responsable américain sous couvert d'anonymat. "Mais toutes les possibilités risquent de disparaître rapidement", a-t-il précisé, ajoutant que pour l'heure "il s'obstine".

La mission du 3 janvier paraissait de fait quasi impossible, M. Gbagbo ayant fermement fait savoir qu'il n'entendait pas quitter le palais présidentiel malgré l'intense pression extérieure.

Un échec du dialogue pourrait replonger le pays dans les violences, alors que 179 personnes ont déjà été tuées depuis mi-décembre selon l'ONU, qui a pointé la responsabilité des forces pro-Gbagbo. Ces violences ont fait 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo, selon le dernier bilan de son camp. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé que les Nations unies feraient tout pour accéder aux sites d'éventuels charniers.

AFP/VNA/CVN

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