Cri d'alarme face au risque de disparition des requins

La surpêche menace la survie des requins, victimes du commerce de leurs ailerons, et la création de sanctuaires est vitale pour les protéger, affirme une association écologiste qui publie le 6 juin un rapport alarmiste préconisant la création d'une réserve aux Bahamas.

"Nous avons commencé à éliminer (les requins) des océans à un rythme jamais vu dans l'histoire de cet animal, longue de 400 millions d'années", déclare Matt Rand, chargé du programme de protection des requins au sein de l'association Pew Environment Group (Peg), qui publie le rapport.

La surpêche est responsable de la disparition de 73 millions de ces grands prédateurs marins chaque année, recherchés principalement pour leurs ailerons.

La nageoire est coupée sur l'animal encore vivant, qui est ensuite relâché dans l'eau où il meurt.

Consommés dans une soupe traditionnelle chinoise, les ailerons de requins représentent un commerce très lucratif, en hausse ces dernières années.

Les requins "sont apparus quelque 100 millions d'années avant les dinosaures et ont réussi à survivre à leur extinction. Mais cette pratique est en train de les détruire, tout cela pour un bol de soupe", déplore M. Rand.

D'après le rapport, au moins 30 espèces de requins sont directement menacées d'extinction. À la différence des autres poissons, les requins sont fragilisés par leur cycle biologique, plus proche de celui des baleines ou des dauphins : ils n'atteignent leur maturité sexuelle qu'après une dizaine d'années et n'ont que peu de petits à la fois.

Leurs défenseurs ont néanmoins récemment remporté quelques victoires.

L'archipel de Palau (Pacifique), suivi par les Maldives (océan Indien) et le Honduras en Amérique centrale ont interdit entre 2009 et 2010 la pêche aux requins dans leurs eaux territoriales. Si les Bahamas s'engagent à suivre leur exemple, l'archipel situé au large de la Floride "deviendra un fleuron de la protection des requins dans l'Atlantique", explique M. Rand.

L'argument financier est un argument-clé des défenseurs des animaux. Selon une étude commandée par Peg et publiée le mois dernier, un requin de récif peut engendrer deux millions de dollars de revenus liés au tourisme au cours de sa vie.

La plongée avec les requins génère déjà 80 millions de dollars par an aux Bahamas, un chiffre qui pourrait augmenter grâce à la création d'un sanctuaire. Mais les pêcheurs restent vulnérables aux agissements des importateurs, qui écument les villages en quête d'ailerons qu'ils revendront jusqu'à 700 dollars le kilo.

Aux États-Unis, la Californie a aussi du mal à faire cesser ce commerce juteux. Cet État américain veut faire voter une loi proposant un embargo sur l'importation d'ailerons, qui se heurte à l'opposition de son importante communauté sino-américaine. "La soupe à l'aileron est un mets délicat servi dans les grandes occasions, notamment religieuses", explique Fiona Ma, députée démocrate de San Francisco. Pourtant, "si rien n'est fait, plusieurs espèces pourraient disparaître d'ici une dizaine d'années", avertit M. Rand.

Peu d'initiatives ont été prises en Chine, à l'exception notable de celle du milliardaire et député chinois Ding Liguo, qui a proposé cette année un embargo total sur le commerce d'ailerons de requins, estimant que "seule la loi peut enrayer le commerce des ailerons et réduire les massacres de requins" car l'opinion publique chinoise n'y est pas prête.

AFP/VNA/CVN

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