Les pays en développement, qui réclament davantage d'engagements aux pays riches, sont eux-mêmes apparus divisés le 9 décembre avec l'intervention de la petite île de Tuvalu (Pacifique Sud) qui s'est attaqué aux géants indien et chinois en leur réclamant un effort. "Nous devons avancer, il nous faut un accord légalement contraignant qui préserve la planète et protège les plus pauvres. Tout le reste n'est que distraction," a déclaré Dessima Williams, représentante de Grenade et de l'Association des petits États insulaires (AOSIS).
Mme Williams est apparue comme beaucoup d'autres désireuse d'en finir avec la crise déclenchée par la divulgation la veille d'une proposition danoise de texte, considérée comme injuste par certains pays en développement, mais caduque pour la majorité des délégués.
Pour la négociatrice française Laurence Tubiana, cette fuite organisée par les ONG a fourni une "mise en scène utile au G-77 (coalition de 130 pays en développement) pour attaquer la présidence danoise".
Tuvalu, composé de 9 atolls coralliens dans le Pacifique Sud et qui compte 11.000 habitants, s'est attaqué aux géants de la planète en même temps qu'à un tabou dans l'histoire de la diplomatie climatique : la distinction, depuis l'adoption de la Convention climat en 1992, entre la "responsabilité historique" des pays industrialisés de celles des pays en développement.
À ce titre, seuls les premiers sont comptables d'engagements chiffrés contraignants dans le Protocole de Kyoto.
Tuvalu a proposé un amendement "juridiquement contraignant" au Protocole : il assignerait, à partir de 2013, des objectifs de réduction aux grands émergents qui représentent désormais plus de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
L'archipel a suggéré la création d'un groupe de contact sur le sujet. "Mais la Chine, l'Inde et l'Arabie saoudite ont bloqué notre proposition", a indiqué Taukiei Kitara, délégué de Tuvalu.
Les pays en développement s'inquiètent surtout du manque de visibilité sur le financement du prochain accord. Les seules promesses claires à ce stade concernent le déblocage immédiat d'environ 10 milliards de dollars par an dès l'an prochain et sur trois ans, pour aider les pays les plus vulnérables.
Aucun pays industrialisé n'a précisé le montant de sa contribution, alors que les politiques d'adaptation au changement climatique des pays les plus pauvres sont évaluées à plus de 50 milliards de dollars par an d'ici 2050.
L'Union européenne estime que 100 milliards par an seront nécessaires pour l'adaptation de ces pays et les politiques d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre, sans préciser sa contribution.
Les dirigeants européens vont tenter de s'entendre le 10 décembre et aujourd'hui lors d'un sommet à Bruxelles sur une aide immédiate aux pays pauvres de quelque 6 milliards d'euros sur 3 ans à partir de 2010, mais beaucoup rechignent à payer.
Ils devront aussi surmonter leurs divergences sur un autre thème clé : l'Europe doit-elle reprendre un rôle de pointe dans les discussions internationales en revoyant dès à présent son objectif de réduction d'émissions de gaz à effet de serre de 20% à 30% d'ici 2020?
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a de son côté appelé les participants du sommet de Copenhague à aboutir à "un engagement courageux et fort" pour aider les agriculteurs du monde entier et les populations vulnérables à surmonter les problèmes liés au changement climatique.
AFP/VNA/CVN