Chaque année, des millions de pèlerins participent à la Fête du temple des rois Hùng à Phu Tho. |
«Où que vous alliez, vers la haute région ou vers la plaine, n’oubliez pas cette date de culte de nos ancêtres : le 10e jour du 3e mois lunaire». Ce vers populaire, devenu presque une maxime, est ancré dans la mémoire collective des Vietnamiens qui n’oublient jamais cette date. Chaque année, des millions de personnes participent à la Fête du temple des rois Hùng, à Phu Tho (Nord).
Le culte des rois Hùng témoigne non seulement de la vie religieuse et de la foi des Vietnamiens envers les génies protecteurs nationaux, mais aussi de la reconnaissance envers les fondateurs de leur pays.
Dix-huit générations de rois Hùng portent le nom de Hùng Vuong. Ils ont fondé en 2879 avant J.-C. le premier royaume du peuple vietnamien, celui du Van Lang, lequel dura jusqu’en 258 avant J.-C. On dénombre 1.417 temples dédiés à leur culte et à celui des personnages de cette époque. Le plus ancien se trouve sur le mont Nghia Linh, dans la province de Phu Tho. Ce qui explique que cette dernière soit perçue comme le berceau des premiers ancêtres du pays. On recense ainsi 326 monuments dans cette province, 161 à Hanoi, 168 à Bac Ninh, 62 à Vinh Phuc et 14 à Hô Chi Minh-Ville.
Un projet de conservation
Le Comité populaire de Phu Tho, selon son vice-président Hà Kê San, mettra prochainement en place un projet de conservation et de valorisation du patrimoine «Culte des rois Hùng». Dans l’immédiat, il tentera de renforcer la notoriété de ce patrimoine, tant au niveau national qu’international. Les Vietnamiens ont ces mêmes ancêtres communs, les rois Hùng, et ils en sont fiers.
Concours de préparation du banh dày lors de la Fête du temple des rois fondateurs Hùng à Phu Tho. |
Par ailleurs, le Comité populaire de Phu Tho investira dans la rénovation des temples dédiés au culte de ces personnages historiques. Il prépare d’ores et déjà le rituel à la mémoire des rois Hùng 2013, ainsi que la cérémonie qui officialisera ce culte comme patrimoine immatériel de l’humanité. Il y a quelques temps, Phu Tho avait coopéré avec d’autres provinces pour recenser les lieux de culte des rois Hùng à l’intérieur et à l’extérieur du pays, étudier des rites et collecter des documents historiques.
Le Département des patrimoines culturels, l’Institut culturel et artistique du Vietnam coopérera en outre avec le ministère de l’Éducation et de la Formation pour augmenter le nombre d’heures d’histoire et de littérature consacrées à ce chapitre.
Selon Lê Thi Minh Ly, membre du Conseil national des patrimoines culturels, il faut également faire revivre les arts populaires de cette époque pour la préserver. «Les patrimoines doivent être nourris au sein de la communauté pour que tous ses attraits soient valorisés», insiste-t-elle.
Le rôle important de l’État
D’après le professeur Phan Huy Lê, président de l’Association des sciences historiques du Vietnam, aucun patrimoine ne peut être conservé sans l’aide de l’État. Mais ce rôle doit être bien défini pour laisser une place à l’opinion populaire. L’État s’occupe de l’organisation et donne aux habitants les clés pour prendre en charge la valorisation du culte. Cet avis est partagé par Ngô Duc Thinh, directeur du Centre de recherches culturelles et de la croyance du Vietnam. Pour lui, le culte des rois Hùng comprend aussi des activités culturelles immatérielles à étudier et mettre en exergue, comme le pilonnage du banh dày (gâteau de riz gluant) par le mortier en pierre et le pilon en bambou...
Hà Minh/CVN