"Vous pouvez rester au point mort, ou avancer. Le temps du choix est venu": C'est sur cette mise en demeure que la responsable en chef du climat à l'ONU, Christiana Figueres, a ouvert la dernière session de travail avant la réunion de Cancun au Mexique, du 29 novembre au 10 décembre.
Un an après l'échec de Copenhague au Danemark, un "résultat concret est nécessaire et urgent" au Mexique, a-t-elle lancé aux délégués de plus de 170 pays, rassemblés dans l'immense et moderne centre de conférence de la ville portuaire de Tianjin (Nord de la Chine).
La conférence de Copenhague entendait parvenir à un accord global et efficace pour lutter contre le changement climatique. Elle n'a abouti qu'à un texte qui fixe comme objectif de limiter la hausse de la température de la planète à 2°C, mais sans calendrier et en restant évasif sur les moyens.
Moins ambitieux, le rendez-vous de Cancun doit, selon Mme Figueres, se contenter de "poser des fondations" pour un accord futur. "Je vous exhorte à faire preuve de flexibilité et d'un esprit de compromis" lors des discussions qui s'achèvent samedi, a encore martelé Mme Figueres.
Il en va de l'avenir de tout le processus de négociation onusien qui entend résoudre par voie de consensus la question du changement climatique, selon plusieurs délégués européens. "Tous les négociateurs doivent être conscients que si Cancun ne débouche pas sur un résultat solide (...), alors (ce processus) risque de devenir hors de propos pour le reste du monde", a averti le négociateur en chef de l'Union européenne (UE), Artur Runge-Metzger.
Même avis pour le chef de la délégation française, Paul Watkinson. "La crédibilité du système multilatéral est désormais en jeu", déclare-t-il.
Or pour l'heure, le texte de négociation, qui compte désormais 70 pages, "est illisible et confus" selon lui. "Encore une fois, on risque de préparer une conférence avec un texte non-négociable", s'inquiète-t-il.
Mme Figueres a donc appelé les délégués à en extraire "les questions qui peuvent être réglées à Cancun".
De l'avis général, des décisions opérationnelles sont à portée de main sur des points techniques comme le mécanisme d'aide aux pays les plus vulnérables pour leur adaptation au réchauffement, ou la lutte contre la déforestation.
Restent les sujets épineux comme l'avenir du protocole de Kyoto -dont la première période d'engagement expire en 2012-, les sources de l'aide financière à long terme pour les plus vulnérables, ou encore l'ampleur et le contrôle des limitations d'émissions de gaz à effet de serre (GES).
"Des points critiques" qu'il faudra absolument "résoudre" pour faire avancer l'ensemble de la machine, selon Mme Figueres.
À cet égard, Mme Figueres a appelé la Chine, premier émetteur de GES au monde et présenté comme l'un des responsables de l'échec de Copenhague, à jouer plus collectif.
AFP/VNA/CVN