Chaussures de luxe en peau du crapaud buffle en Australie

Le crapaud buffle, introduit en Australie dans les années 1930 et perçu désormais comme un animal nuisible, pourrait devenir le dernier accessoire à la mode, grâce à l'initiative d'une association d'aide aux démunis qui utilise la peau du gros batracien pour fabriquer des chaussures de luxe.

"Je dis souvent aux gens : +quelqu'un les a embrassés et les a transformés en belles petites chaussures de sport+", déclare Rupert Noffs, qui créé, avec son frère Matt, des tennis haut de gamme en cuir de crapaud, vendus au profit des plus pauvres.

Introduits en Australie pour détruire les populations de coléoptères dans les champs de canne à sucre du Queensland (Nord-Est), ces crapauds originaires d'Amérique centrale et du Sud se sont reproduits de manière exponentielle et mettent en danger des espèces endémiques. Les Australiens cherchent à présent à réduire leur population. Les tennis des frères Noffs sont en peau de kangourou et crapaud buffle.

"Les peaux sont teintes, elles existent en bleu, dorée, rouge, rose, noir et sont vraiment magnifiques. Très solides également. Ce sont des animaux nuisibles, donc quoi de mieux que de les rendre utiles une fois qu'ils sont morts?", dit Rupert, lors de l'ouverture du magasin Gideon Shoes à Sydney.

Il trouve ces animaux "totalement laids" et dit avoir douté au départ que leur peau, cloquée, pourrait être utilisée dans la gamme de vêtements et d'accessoires de mode que son frère et lui ont lancée, afin de financer leurs activités d'aide aux démunis.

Mais Rupert, 27 ans, et son frère Matt, 30 ans, ont été convaincus par le résultat. La vente des chaussures finance des programmes de réinsertion pour de jeunes drogués ou de sans-abri.

Leur grand-père, Ted Noffs, avait ouvert un centre d'accueil pour les personnes vivant dans la rue à Sydney dans les années 1960. Les deux frères ont continué la tradition familiale.

Rupert a créé le magasin "One Noffs", qui propose des vêtements d'occasion ou des créations recyclées, tandis que Matt a ouvert l'Université de la rue, dans un quartier ouest de la ville, pour aider les jeunes en rupture.

"La plupart de ces jeunes n'ont rien. Ils ont grandi dans un environnement très difficile. Ils viennent à l'Université de la rue et six mois plus tard, ils lisent +Da Vinci Code+, étudient à la fac... ou ils trouvent un emploi chez Gideon", indique Rupert.

La boutique Gideon propose les tennis de luxe, en cuir de kangourou et de crapaud, à 450 dollars australiens la paire (337 euros). La version en cuir de vache est à 160 dollars australiens.

Chaque chaussure de sport est cousue à la main et la fabrication, qui se déroule entièrement sur le sol australien, est limitée à 20 ou 30 paires par jour.

"Nous avons décidé de tout faire en Australie et, oui, ils coûtent huit fois plus cher que s'ils étaient fabriqués en Chine. Mais nous sommes contents de savoir que les gens qui les fabriquent sont bien payés", souligne Rupert Noff. "Sans compter que le résultat est d'une qualité exceptionnelle".

L'idée de fabriquer ces chaussures est née pendant la crise financière mondiale, il y a deux ans, lorsque les donations se sont taries pour les associations.

"Il n'y avait vraiment plus rien (...). Alors mon frère et moi, nous sommes dit : +pourquoi ne pas lancer un label de mode branché?". Songe-t-il à utiliser la peau d'autres animaux typiquement australiens tels que le koala ou l'échidné, ce mammifère insectivore qui ressemble à un hérisson avec un long museau? "Il n'en est pas question! Mais débarrassons-nous de ces crapauds buffle", déclare-t-il.

AFP/VNA/CVN

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