«Le riz vient d’arriver». «Qu’est ce qu’il y a au menu aujourd’hui ?» «Potirons, omelette et viande». Un groupe de patients et leurs proches poussent des cris de joie, lorsque déboule à 10h30 comme chaque jour le petit camion transportant 160 «repas du cœur» concoctés par des bonzesses et offerts gracieusement aux malades les plus déshérités.
Le menu est programmé chaque semaine pour sept jours et se rerouvelle à chaque fois. |
«Je suis reconnaissante envers les bonzesses car ces repas gratuits permettent de baisser les frais d’hospitalisation de mon mari, soigné pour un cancer du cavum», explique Luong Thi Môc, une paysanne du district de Huong Khê, province de Hà Tinh (Centre). «En deux mois d’hospitalisation, ma famille a déjà déboursé plus de 20 millions de dôngs. Maintenant, nous sommes à court d’argent. Ainsi, j’ai dû demander 600.000 dôngs à une pagode et une église pour rentrer chez moi», confie-t-elle.
«Ces déjeuners gratuits me permettent d’économiser quotidien-nement de 25.000 à 30.000 dôngs. Ce midi, je vais manger avec modération afin d’en garder une moitié pour ce soir», explique Nguyên Thi Quy, 54 ans, de la province de Thai Binh (Nord), en chimiothérapie depuis trois mois pour un cancer du sein.
Pour une famille pauvre qui ne bénéficie d’aucune couverture sociale, une hospitalisation de plusieurs mois est une catastrophe qui l’oblige souvent à vendre des biens, voire à s’endetter auprès des banques. «J’ai dû vendre un buffle, le seul bien de grande valeur de ma famille, pour récupérer 16 millions de dôngs. Une somme modeste ! Mais nous ferons tout notre possible pour sauver mon mari. Il faut persévérer tant qu’il reste de l’espoir», partage Lê Thi Tham, paysanne d’ethnie Thai venant de la province montagneuse de Son La.
Pour Luông Thi Huôn, une femme d’ethnie Thai en traitement pour un cancer du sein, ce déjeuner gratuit est indispensable. «L’hospitalisation me coûtera 50 millions de dôngs alors que mes revenus annuels sont de 20 millions de dôngs. Mes deux enfants devront abandonner leurs études», se désole-t-elle.
Vertu bouddhiste de compassion et charité
C’est la bonzesse supérieure Thich Nu Nhu Hiên, gérante de la pagode Linh Son Thanh Nhàn, qui a eu l’idée d’instaurer ces «déjeuners du cœur». «D’août 2001 à août 2012, la pagode a déboursé plus de 1,2 milliard de dôngs pour ces repas, à quoi s’ajoute le riz offert par les fidèles», explique-t-elle.
Les repas sont transportés dans un petit camion. |
La bonzesse supérieure Thich Nu Nhu Hiên a choisi l’hôpital K parce que «le cancer est une maladie terrible, qui nécessite une longue prise en charge hospitalière. Or, la plupart des cancéreux sont des personnes pauvres, des membres d’ethnies minoritaires». «Conformément aux préceptes de notre religion, nous voulons aider ces malheureux pour qu’à la douleur physique ne s’ajoute pas la douleur morale due aux difficultés financières. Soutenir des personnes dans le besoin est aussi une manière de progresser et de s’élever spirituellement», ajoute-t-elle.
Dès l’aube, une vingtaine de bonzesses de la pagode préparent environ 250 repas et des soupes de viande. «Comme le repas pour les maternelles, le menu est programmé chaque semaine pour sept jours, et se renouvelle à chaque fois. Il est obligatoire d’assurer la sécurité alimentaire pour les malades», souligne-t-elle.
La distribution se fait tous les jours de 10h30 à 11h30, qu’il pleuve ou qu’il vente. C’est Mme Pham Thi Hiên, infirmière en chef de l’hôpital, qui est chargée de sélectionner les bénéficiaires et de distribuer les tickets-repas.
Dès l’aube, la bonzesse supérieure Thich Nu Nhu Hiên et une vingtaine de bonzesses de la pagode préparent chaque jour environ 250 repas et des soupes de viande. |
«La naissance au sein de notre hôpital d’un Fonds d’assistance aux patients en situation difficile ne peut malheureusement pas répondre à toutes les demandes. C’est pourquoi nous accueillons à bras ouverts ce soutien des bonzesses de la pagode Linh Son Thanh Nhàn. Pour les pauvres, gagner son pain quotidien est toujours une lutte. Alors, lorsque la maladie vient jouer les troubles fêtes, et particulièrement le cancer qui nécessite de lourdes dépenses, ils ne peuvent plus mener ce combat et dépérissent très vite», explique Dang Thê Can, ancien-directeur adjoint de l’hôpital K. Depuis peu, une centaine de repas identiques sont aussi distribués à des enfants en chimiothérapie dans la clinique de pédiatrie, toujours au sein de l’hôpital K.
La distribution se fait tous les jours de 10h30 à 11h30. |
L’initiative de la bonzesse Thich Nu Nhu Hiên, si elle est l’expression vivante de la vertu bouddhiste de compassion et de charité, répond aussi au désir du gouvernement et du Parti de plus impliquer les religieux et toute la communauté des fidèles, toutes confessions confondues, au sein de la société, et plus particulièrement dans les activités caritatives.
Pour de plus amples informations, prière de vous rendre sur le site internet : linhsontu.com
Texte et photos : Thanh Tuê/CVN