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Des réfugiés somaliens nouvellement arrivés attendent devant un centre de traitement du HCR dans le camp de réfugiés d'Ifo à l'extérieur de Dadaab, dans l'est du Kenya, à 100 km de la frontière somalienne, le 5 août 2011. |
Photo : AP/VNA/CVN |
Les conflits, violences et catastrophes naturelles en Afrique ont entraîné une forte augmentation du nombre de personnes forcées de quitter leur foyer. À la fin de l'année dernière, on dénombrait 35 millions de déplacés internes (PDI) sur le continent, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes, selon un observatoire international.
"Nous avons constaté un triplement du nombre de PDI en Afrique au cours des 15 dernières années", souligne l'IDMC (Internal Displacement Monitoring Centre). La majorité des déplacements internes sont causés par les conflits et la violence, mais de plus en plus de catastrophes naturelles, telles que les inondations et les sécheresses, en sont également responsables.
Les PDI, souvent moins médiatisés que les réfugiés, sont pourtant beaucoup plus nombreux et leur quotidien est tout aussi perturbé. Ces déplacements ont des conséquences considérables sur les moyens de subsistance, l'identité culturelle et les liens sociaux des communautés déplacées, les rendant plus vulnérables. Selon l'IDMC, ces déplacements perturbent aussi les programmes de développement des pays concernés, car ils empêchent les déplacés de générer des revenus et génèrent des coûts supplémentaires pour les autorités locales, notamment pour les services de logement, de santé, d'éducation et de protection.
Causes et conséquences
Des personnes se tiennent le long d'une rivière et observent la démolition de maisons situées sur des terres riveraines dans le quartier de Mukuru à Nairobi, au Kenya, le 7 mai 2024. |
Photo : AP/VNA/CVN |
Le rapport de l'IDMC montre que l'augmentation des conflits et de la violence a été responsable du déplacement interne de 32,5 millions de personnes en Afrique. Quatre-vingts pour cent de ces déplacés vivent dans cinq pays : la République démocratique du Congo, l'Éthiopie, le Nigéria, la Somalie et le Soudan. Ces conflits engendrent des schémas cycliques de déplacements, où les personnes déplacées il y a 10, 15 ou même 20 ans n'ont toujours pas retrouvé de solution durable. De nouvelles vagues de violence continuent d'ajouter au nombre de personnes déplacées internes, entraînant ainsi une hausse constante de ce phénomène.
Les catastrophes naturelles, en particulier les inondations, sont également responsables d'une partie importante des déplacements. Le changement climatique exacerbe ces phénomènes, avec un nombre de déplacements dus aux catastrophes naturelles multiplié par six entre 2009 et 2023. Les inondations représentent plus des trois quarts de ces déplacements, suivies des sécheresses à hauteur de 11%.
Les conflits, violences et catastrophes naturelles se chevauchent souvent, créant des crises complexes. Les personnes déplacées sont fréquemment contraintes de fuir à plusieurs reprises ou pendant des périodes prolongées. En réponse à cette situation, l'IDMC rappelle l'importance de la Convention de Kampala de l'Union africaine, adoptée en 2009, pour la protection et l'assistance aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Cette convention est le premier accord régional juridiquement contraignant sur les déplacements internes en Afrique, et 34 pays africains l'ont ratifiée.
Malgré les efforts des gouvernements, le problème reste difficile à résoudre. Pour Mme Bilak, directrice de l'IDMC, la clé du problème réside dans une meilleure consolidation de la paix, de la diplomatie et dans la transformation des conflits afin de réduire les déplacements internes à long terme.
AFP/VNA/CVN