Calme et discipline à Tokyo

Perçue à l'étranger comme apocalyptique, l'ambiance à Tokyo est au contraire des plus calmes, avec une population qui ne panique pas, espère que le gouvernement prend les bonnes décisions, suit les consignes, s'organise et se solidarise, même si nul ne sait de quoi demain sera fait.

«Affolement, exode massif, distribution à grande échelle de comprimés d'iode, nuage radioactif menaçant gravement la santé des habitants de la capitale" : à lire sur Internet ce que l'on raconte hors du Japon sur la situation dans la capitale nippone, les Tokyoïtes tombent des nues.

Dans les rues des quartiers centraux de Tokyo, les salariés marchent sur les trottoirs avec le même pas assuré qu'à l'ordinaire.

Les piétons portant un masque sont nombreux, mais pas beaucoup plus que d'habitude au mois de mars, les Japonais étant sujets au rhume des foins.

Les 35 millions d'habitants de la plus grande mégapole du monde sont préoccupés par le drame national que vit l'archipel, mais à les regarder, pas sujets à la panique.

"Peut-être que ceux qui sont les plus angoissés ne sortent plus de chez eux", sourit Asako Shibata, un sexagénaire. L'inquiétude ne se lit pas sur les visages, elle se voit davantage dans le spectacle des rues désertées en soirée, ou des salles de restaurants vides. Les trains ne circulent plus au rythme habituel, depuis le séisme.

Les rayons vides des magasins d'alimentation sont aussi un signe de l'anxiété, qui pousse à faire des provisions, et de la rupture des circuits logistiques d'habitude si fluides.

C'est d'abord la menace des répliques du tremblement de terre de vendredi qui a incité les plus prévoyants à stocker des denrées de survie.

"Nous n'avons jamais connu un tel tremblement de terre", souligne Mme Shibata. Taku Nishi, lui, a fait des courses vendredi et rempli la baignoire d'eau, au cas où de nouvelles secousses viendraient interdire toute sortie et mettre hors d'état de marche les infrastructures vitales. Et ce Nippon de 38 ans confie : "Si vous voulez savoir si les secousses telluriques me font peur, la réponse est oui".

Et le nuage radioactif ? Faut-il le fuir à défaut de pouvoir le stopper ?

"Je ne pense pas une seconde à quitter Tokyo. Je redoute le pire, mais si tout le monde part, que va devenir la ville, la vie ?", interroge Hideki Mitsuya, un ouvrier d'une cinquantaine d'années, patientant à côté de son camion.

"Parmi les irradiés d'Hiroshima et de Nagasaki, certains ont vécu 90 ans. La centrale de Fukushima est à 250 kilomètres de Tokyo", constate avec philosophie M. Nishi. "Ce qui me rend anxieux, c'est la différence de ton entre les médias japonais et étrangers. Au Japon, les reportages sont factuels, à l'étranger ils décrivent un scénario catastrophe : la fin du Japon", poursuit-il.

"Il y a une part culturelle dans notre attitude, peut-être une influence de croyances bouddhistes : les catastrophes naturelles sont des problèmes que l'on ne peut résoudre, c'est le destin", ajoute Mme Shibata.

La panique est un phénomène contagieux qui résulte de l'égoïsme, du sauve-qui-peut, "il faut au contraire que nous soyons solidaires", résume M. Matsuya, qui met un point d'honneur à respecter les consignes du gouvernement demandant à chacun de faire des économies d'électricité puisque la centrale de Fukushima ne peut plus en fournir.

AFP/VNA/CVN

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