La crise nucléaire s'aggrave au Japon

La crise nucléaire s'est aggravée le 15 mars au Japon après une nouvelle explosion et un incendie à la centrale de Fukushima 1, où les accidents se succèdent depuis le violent séisme de vendredi qui a probablement fait plus de 10.000 morts.

Cet enchaînement d'avaries nourrit les vives craintes d'une contamination radioactive dans l'archipel ainsi que dans les pays voisins comme la Russie ou la Chine.

Mais les autorités japonaises ont affirmé mardi que la radioactivité n'atteignait un niveau dangereux pour la santé que sur le site même de la centrale, autour des quatre réacteurs endommagés.

"Contrairement à ce qui s'est passé jusqu'ici, il ne fait pas de doute que les niveaux atteints peuvent affecter la santé des êtres humains", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.

Par précaution, le Premier ministre Naoto Kan a élargi la zone de sécurité autour de la centrale en appelant les personnes habitant dans un rayon de 30 kilomètres à rester calfeutrées. "Restez à l'intérieur, fermez les fenêtres, n'allumez pas les ventilateurs et ne sortez pas votre linge", a demandé M. Edano.

Ces mesures s'ajoutent à l'évacuation, ordonnée samedi, des plus de 200.000 personnes résidant à proximité de cette centrale située dans le Nord-Est, sur la côte de l'océan Pacifique.

En revanche, les 35 millions d'habitants de l'agglomération de Tokyo, la plus importante au monde, n'ont pas besoin de prendre des précautions particulières, selon le gouvernement.

La tension est cependant montée dans la capitale lorsque le taux de radioactivité a légèrement dépassé la normale à la mi-journée, avant de redescendre dans l'après-midi.

Poussés par le vent, ces rejets radioactifs sont consécutifs à l'explosion d'hydrogène qui s'est produite à l'aube dans le bâtiment qui abrite le réacteur 2.

Une autre explosion a ensuite déclenché un incendie dans le réacteur 4, qui était à l'arrêt pour maintenance lorsque le séisme s'est produit. Une hausse de la température a été relevée dans les deux autres réacteurs, 5 et 6, le 15 mars après-midi.

Ces explosions sont la conséquence des opérations d'urgence lancées après la panne des systèmes de refroidissement des réacteurs provoquée par le tsunami

ayant suivi le séisme de magnitude 9, le plus fort jamais enregistré au Japon. Le 14 mars, le gouvernement a affirmé exclure "la possibilité d'un Tchernobyl", en référence à l'accident, le pire de l'histoire du nucléaire civil, survenu en 1986 dans la centrale ukrainienne.

L'accident de Fukushima pourrait être le deuxième le plus grave : il atteint un niveau de gravité 6 sur l'échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, qui en compte 7, selon le président de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, qui a affirmé que l'enceinte de confinement du réacteur 2 n'était "plus étanche".

Les autorités japonaises avaient auparavant indiqué que cette enceinte n'était pas trouée. "Il n'y a pas de discussion ici sur un relèvement du classement de l'accident", a par ailleurs déclaré un responsable de l'Agence de sûreté japonaise.

"La situation est extrêmement grave (...) Le risque est extrêmement élevé", a estimé le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, après une discussion avec son homologue japonais au sein du G8 à Paris.

Le Japon a demandé l'aide des États-Unis et de l'AIEA, qui pourrait convoquer une réunion extraordinaire la semaine prochaine à la demande de la Commission européenne.

Le bilan officiel s'est établi à 3.373 décès

De nombreux pays étrangers ont déconseillé les voyages au Japon et recommandé à leurs ressortissants expatriés à Tokyo de partir vers le Sud de l'archipel ou à l'étranger.

Outre le nucléaire, l'autre priorité des autorités japonaises est de porter secours aux plus de 500.000 sinistrés accueillis dans des écoles ou des salles municipales.

Les 100.000 soldats mobilisés, épaulés par de nombreux secouristes étrangers, ont été chargés de répondre aux énormes besoins en eau potable et en vivres et de remettre en route les infrastructures (routes, téléphone...).

Aucun trouble à l'ordre public n'a été signalé dans la zone dévastée, où les sinistrés font preuve de stoïcisme et de solidarité. "Dans les films catastrophes, on voit toujours des gens hystériques courir partout. Mais ici, c'est vraiment très calme", a témoigné une étudiante canadienne, Jouvon Evans, qui était en vacances lorsque la catastrophe s'est produite.

Les sauveteurs ont connu la joie de retrouver deux survivants, une femme de 70 ans et un homme, sous des décombres quatre jours après le séisme.

Le bilan officiel s'est établi le 15 mars à 3.373 morts confirmés, 6.746 disparus et 1.897 blessés, mais il devrait fortement augmenter au fur et à mesure de la découverte des corps dans les champs de décombres n'ayant pas été encore fouillés.

Témoignant de l'inquiétude des investisseurs, l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo s'est effondrée de 10,55% après avoir perdu 6,18% la veille, déprimant les autres places boursières.

L'activité économique devrait rester fortement perturbée dans les prochains jours avec la suspension partielle de la production de grands groupes comme

Toyota, tandis que des coupures d'électricité perturbent plusieurs régions en raison de l'arrêt de onze réacteurs nucléaires.

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top