"J'espère sincèrement que nous pourrons empêcher la situation d'empirer", a déclaré l'Empereur, Akihito, à l'occasion de cette adresse télévisée de quelques minutes. C'est la première fois qu'Akihito, sur le trône depuis 1989, intervient ainsi dans une situation de crise.
L'Empereur "profondémentpréoccupé"
L'Empereur s'est déclaré "profondément préoccupé par la situation dans la centrale de Fukushima", où s'est poursuivi le 16 mars l'enchaînement alarmant des accidents pour le cinquième jour depuis le séisme le plus fort de l'histoire de l'archipel.
Après deux nouveaux incendies dans les réacteurs 3 et 4, la radioactivité mesurée à l'entrée du site a augmenté fortement vers 01h00 GMT avant de baisser ensuite.
Le ministère japonais des Sciences et des Technologies a déclaré le 16 mars que les niveaux de radiation près de la centrale nucléaire Fukushima n°1 ne présentaient aucune menace pour la santé humaine, bien que les niveaux demeurent toujours supérieurs à la normale.
Selon les données publiées par le ministère, la radiation mesurée mardi soir était située entre 0,22 et 0,33 millisievert dans trois zones se trouvant à 20 km au nord-ouest de la centrale. Les niveaux ont varié le 16 mars matin entre 0,0253 et 0,0125 millisievert dans les zones situées à 30-60 km du site, a affirmé le ministère.
La principale inquiétude concerne la piscine de stockage du combustible usé dans le réacteur 4, qui a été fortement endommagé par deux incendies survenus mardi. L'émission de rejets radioactifs y est jugée possible.
Les autorités ont tenté, en vain, de déployer un hélicoptère pour déverser de l'eau afin d'assurer le remplissage de la piscine.
Les enceintes de confinement des réacteurs 2 et 3, probablement endommagées, sont les autres sujets majeurs de préoccupation.
La neige complique le travail des secouristes
À Tokyo, à 250 km de la centrale, l'activité fortement réduite. Les vents devraient y demeurer favorables aujourd'hui en poussant vers l'océan Pacifique les rejets radioactifs de la centrale, selon la météo.
Un froid mordant -avec des températures tombées à zéro degré- et des chutes de neige compliquent la tache des 80.000 soldats et policiers japonais, épaulés par de nombreux secouristes étrangers, déployés sur le terrain.
Ces conditions rendent aussi plus difficiles les conditions de vie des quelque 500.000 personnes qui ont été évacuées parce qu'elles ont perdu leur logement. Logées dans des écoles ou des salles municipales, elles sont déjà confrontées à un manque d'eau potable, de vivres et de carburants ainsi qu'aux coupures d'électricité et de liaisons téléphoniques.
Le bilan officiel du séisme et du tsunami s'est établi le 16 mars soir à 3.771 décès, mais plus de 8.000 personnes étaient portées disparues.
La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a annoncé le 16 mars qu'elle allait mettre en place un mécanisme de collecte de fonds pour venir en aide au Japon qui a été dévasté par un séisme et un tsunami sans précédent. "La Croix-Rouge japonaise apprécie beaucoup la solidarité internationale qui commence à se mettre en place", a indiqué un responsable du FICR, Matthias Schmale.
Les vents sont scrutés avec une extrême attention par les voisins du Japon, en Chine, en Russie et jusqu'en Californie, au-delà du Pacifique.
Le niveau de radiation est normal en Extrême-Orient russe, a rapporté le 16 mars l'agence de presse RIA Novosti, tandis que certains craignent que les radiations causées par les explosions au sein d'une centrale nucléaire japonaise ne puissent se propager aux pays voisins. Les services météorologiques locaux suivent de très près la situation et sont en contact avec le ministère russe des Situations d'urgence.
L'utilisation de l'énergie nucléaire doit se poursuivre
L'utilisation de l'énergie nucléaire doit se poursuivre malgré le séisme massif qui a endommagé certaines installations nucléaires au Japon, a déclaré mardi à Vienne le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano.
"Nous avons besoin d'une source d'énergie stable pour atténuer les effets des changements climatiques. De ce point de vue, les avantages de l'énergie nucléaire sont bien plus importants que ses risques", a-t-il dit.
Le chef de l'agence de sûreté nucléaire de l'ONU a déclaré qu'une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire avait le potentiel pour offrir un traitement du cancer, diminuer le coût de l'énergie et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le séisme majeur au Japon ne change rien à ces faits.
AFP-XINHUA/VNA/CVN