BP et Rosneft concluent une alliance stratégique

La Russie a apporté le 14 janvier son soutien à la reconstruction de BP après la marée noire du golfe du Mexique, avec l'entrée attendue du groupe Rosneft à son capital, qui débouchera sur une exploitation conjointe d'énormes gisements d'hydrocarbures très convoités en Arctique.

L'accord, annoncé simultanément en fin de journée à Moscou et à Londres, prévoit une coopération entre le groupe pétrolier britannique et le premier producteur d'hydrocarbures de Russie, le groupe public Rosneft, en vue de prospecter et d'exploiter une zone qui présenterait des ressources comparable à la mer du Nord britannique.

Cet accord a été scellé plus tôt dans la journée lors d'un entretien entre le président russe Vladimir Poutine et le directeur général de BP, Robert Dudley. "Le gouvernement russe va soutenir votre travail en commun (...) et créer le climat fiscal et administratif le plus favorable pour que ce projet se réalise", a déclaré le président, cité par les agences russes.

L'accord porte sur une région immense recouvrant le plateau continental de la mer de Kara, limitrophe de l'océan Arctique, pour laquelle Rosneft avait décroché des permis d'exploitation en octobre.

Cette zone, d'une superficie totale de 125.000 km², représente selon les Russes l'équivalent, en taille et en potentiel, de la mer du Nord britannique, et les ressources qu'elle contient sont évaluées à cinq milliards de tonnes de pétrole et 3.000 milliards de mètres cubes de gaz.

"Ce sont des chiffres importants. Ils ont besoin d'être confirmés, mais ils sont tout à fait réalistes", a jugé M. Poutine.

Cet accord s'accompagnera d'un échange de participations croisées entre les deux compagnies, au terme duquel Rosneft détiendra 5% du capital de BP, et BP 9,5% de celui de Rosneft. La transaction représentera près de 16 milliards de dollars au total, d'après les cours respectifs des deux groupes.

Cette alliance conforte les efforts de BP pour se relancer après la marée noire de l'an dernier, qui avait paru un temps menacer sa survie. Il va lui permettre de mettre un pied dans la région inexplorée la plus prometteuse du monde. Mais il va aussi réduire à terme le poids relatif des États-Unis dans ses activités, et risque de dégrader encore un peu plus ses relations avec les autorités américaines, déjà au plus mal depuis la marée noire ayant souillé l'an dernier les côtes du golfe du Mexique.

Par ailleurs, le fait que BP se lance ainsi à la conquête de l'Arctique ne manquera pas d'attiser l'inquiétude des défenseurs de l'environnement, qui condamnent une multiplication de projets visant à exploiter les ressources de cet écosystème fragile et menacé par le changement climatique.

AFP/VNA/CVN

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