"Je veux voir des bonus moins importants que l'an dernier", a indiqué le chef du gouvernement à la BBC, évoquant en particulier le délicat dossier de la Royal Bank of Scotland (RBS), établissement détenu à plus de 80% par l'État et qui, selon le Sunday Telegraph, s'apprête à accorder à son patron Stephen Hester des bonus et salaires totaux s'élevant à 6,8 millions de livres (8,2 millions d'euros).
M. Cameron a qualifié ce chiffre de "pure spéculation" mais ajouté : "Royal Bank of Scotland est détenue par le gouvernement. Ils devraient fixer la norme à ne pas dépasser". "Nous voulons voir des banques agissant de manière responsable", a-t-il asséné.
Le Premier ministre conservateur s'est cependant refusé à "dénigrer systématiquement" les banques, dont la réussite est à la base de la croissance économique britannique, a-t-il rappelé. Il a souligné que son gouvernement avait été "le premier au monde" à imposer une taxe sur les banques.
La question des bonus continue de hanter la coalition gouvernementale, enfonçant un coin entre les conservateurs et leurs alliés libéraux-démocrates qui exigent plus de retenue de la part des banques tandis qu'une austérité draconienne est imposée à la population.
Le vice-Premier ministre Nick Clegg, chef des "Lib-Dems", a récemment estimé "inacceptable que des millions de gens fassent des sacrifices en termes de niveau de vie, pendant que les banques s'en tirent sans dommages".
Le centre de recherche CEBR avait évalué en octobre à sept milliards de livres (8,4 milliards d'euros) les bonus que les banques de la City accorderont au titre de 2010, soit une baisse de 4% par rapport à 2009.
Les primes les plus controversées concernent celles versées par RBS, qui n'a évité la faillite que grâce à une massive injection d'argent public.
Son directeur général Stephen Hester devrait recevoir 2,5 millions de livres de bonus au titre de 2010, selon le Sunday Telegraph. Cependant, la chaîne d'information continue SkyNews a affirmé le 9 janvier qu'il allait renoncer à toute prime en liquide, comme il l'avait fait l'an dernier.
La controverse entourant les bonus promet de resurgir le 11 janvier avec l'audition du patron de Barclays, Bob Diamond, devant une commission parlementaire. "On va lui demander de n'accepter aucun bonus", a indiqué le député travailliste John Mann au journal The Observer. Barclays a traversé la crise sans faire appel à l'argent public mais Bod Diamond, un Américain richissime surnommé le "banquier aux 100 millions", est souvent cité comme l'archétype du financier trop gourmand.
Selon le Sunday Telegraph, le gouvernement exigera des cinq plus grandes banques présentes au Royaume-Uni (HSBC, Barclays, Lloyds, Santander et RBS) qu'elles signent un engagement à accroître leurs crédits aux PME du pays, en échange d'un accord tacite sur des bonus raisonnables.
L'Association britannique des banquiers (BBA) a rappelé que la réglementation nationale en matière de bonus était déjà "la plus sévère au monde" : tout paiement en liquide doit rester inférieur à 50% de la prime et doit recevoir l'aval des autorités de régulation financières.
AFP/VNA/CVN