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Le gardien et capitaine des Bleus Hugo Lloris brandit la Coupe du monde après la victoire finale en 2018, à l'occasion d'un match au stade de France contre les Pays-Bas. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ce n'est pas facile d'annoncer ça, mais après quatorze années à défendre ce maillot, que j'ai porté avec un immense plaisir, avec fierté, devoir et sens de la responsabilité, je crois que je suis arrivé au bout", a confié à L'Équipe le gardien aux 145 sélections, dont 121 avec le brassard au bras.
L'équipe de France est "prête à continuer sans moi", dit-il en citant son successeur désigné dans la cage tricolore, Mike Maignan (27 ans). "J'ai eu la chance avec ma génération d'avoir marqué l'histoire du football français et ça, on ne pourra pas me l'enlever".
Lancé en 2018 par Raymond Domenech, désigné capitaine par Laurent Blanc en novembre 2010, après le fiasco de Knysna, il a tenu la concurrence à distance avec un leadership fort et des parades remarquables, que n'effaceront pas les quelques boulettes inhérentes à ce poste si exposé.
"Un très grand serviteur de l'équipe de France tire sa révérence et je veux saluer son parcours exceptionnel", a réagi l'actuel sélectionneur Didier Deschamps, vantant un homme "remarquable" qui a "toujours été tourné vers le collectif".
Le portier des Spurs a participé à sept grands tournois internationaux, avec à la clé trois finales: celles perdues à l'Euro-2016 et au Mondial-2022, et celle remportée en Russie, la deuxième étoile française vingt ans après celle décrochée par Deschamps.
Priorité à Tottenham
Dans le livre d'or des Bleus, il apparaît aux côtés des plus grands gardiens, comme Joël Bats et Fabien Barthez, deux personnalités qu'il a d'ailleurs consultées avant de prendre sa décision.
"C'est un soulagement de le dire et que ça sorte, je m'enlève un poids en l'annonçant, et je peux continuer à me concentrer sur mon quotidien avec Tottenham", affirme-t-il dans L'Equipe, reconnaissant vouloir "sortir en étant toujours en haut" plutôt que de risquer la saison de trop.
Au Qatar, Lloris est devenu le Français le plus capé de l'histoire devant Lilian Thuram (142 sélections), un aboutissement presque naturel pour ce grand professionnel qui a déroulé une carrière sans accroc et régulière de Nice, sa ville natale, à Tottenham, où il évolue depuis dix ans, en passant par Lyon, théâtre de son éclosion.
"Longévité", "calme", "tranquillité"... Les vertus de Lloris ont été énumérés par Raphaël Varane qui le secondait comme vice-capitaine à Doha : "J'ai beaucoup de respect pour le joueur, pour l'homme qu'il est. C'est une chance d'avoir cette stabilité en équipe de France."
Les 145 sélections en équipe de France d'Hugo Lloris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette mentalité lui a souvent permis d'être décisif et de montrer la voie à ses partenaires, avec ses parades cruciales comme contre l'Angleterre en quarts (2-1) ou le Maroc en demi-finales (2-0).
Quel futur capitaine ?
"Pour ceux qui le connaissent de près, c'est un professionnel irréprochable, sans concession par rapport à lui-même", décrivait avant le tournoi Luc Lloris, son père. Il soulignait aussi une "discipline personnelle" qui "peut susciter l'adhésion" des partenaires comme des entraîneurs, "même si c'est loin d'être recherché".
"Ce n'est pas quelqu'un qui est très expansif ou recherche la lumière", disait de lui Deschamps à propos de son relais privilégié, pas forcément le plus bavard de ses cadres. Discret auprès du grand public, parfois même jugé trop lisse, ce père de trois enfants demeure en privé un homme au fort caractère, direct et sans détour. "Quand il y a quelque chose d'ambigu, il ne se cache pas", assure son père.
Hors terrain, son choix de renoncer rapidement au brassard inclusif "One Love", assumant de vouloir "garder le focus sur le jeu", lui a valu des critiques de certaines associations.
Joueur de tennis avant le football, Lloris n'a pas choisi le poste de gardien par hasard. Il y conserve une certaine indépendance, un certain individualisme au sein du collectif. Cette autonomie trouve un prolongement dans sa carrière, qu'il gère sans agent ni conseillers officiels, une rareté.
Sa retraite internationale ouvre le débat du capitanat en sélection. Le vice-capitaine Varane postule naturellement, comme Kylian Mbappé, homme fort des Bleus à 24 ans.
AFP/VNA/CVN