Il s'agit d'une réaction la plus vive du souverain à la crise socio-politique belge, depuis la chute du cabinet Yves Leterme le 22 avril 2010 à cause du litige intercommunautaire (francophone et néerlandophone) sur l'appartenance de Bruxelles-Hal-Vilvorde.
Après avoir beaucoup utilisé les "droits d'être informé et d'encourager" face au manque d'un gouvernement investi de pleines responsabilités qui "devra réaliser les réformes structurelles nécessaires dans les domaines institutionnel et socioéconomique", le roi Albert II ne peut plus s'empêcher d'utiliser son troisième droit, celui de "mettre en garde".
Selon le souverain, la durée de l'impasse politique crée une inquiétude sur l'avenir de la Belgique ainsi qu'une incompréhension d'une grande partie de la population vis-à-vis du monde politique, qui "risque de développer une forme de poujadisme dangereux et néfaste pour la démocratie". Elle pourrait également affecter de façon très concrète le bien-être économique et social de tous les Belges.
Le roi Albert II a souligné que l'un des atouts de la Belgique était de jouer un rôle moteur dans la construction européenne, en devenant la capitale de l'Europe. La Belgique, "avec sa diversité culturelle, était considérée d'une certaine manière comme un modèle pour l'Union européenne. Notre situation actuelle crée de l'inquiétude auprès de nos partenaires, pourrait endommager notre position au sein de l'Europe, voire l'élan même de la construction européenne déjà mis à mal par les eurosceptiques et les populistes", a-t-il précisé.
Le roi Albert II a exhorté à nouveau tous les hommes et toutes les femmes politiques belges à "se montrer constructifs" et à "faire des concessions dans la recherche d'un accord raisonnable". "Le moment est venu où le vrai courage consiste à chercher fermement le compromis qui rassemble, et non à exacerber les oppositions", a-t-il dit.
Le roi Albert II a aussi exhorté les Belges ordinaires à "s'efforcer de favoriser une meilleure entente entre nos communautés en faisant des pas concrets vers l'autre, en parlant sa langue, en s'intéressant à sa culture, en essayant de mieux le comprendre. C'est là une forme importante de la citoyenneté moderne".
XINHUA/VNA/CVN