Bavure de l'OTAN : toujours des zones d'ombres, le Pakistan hausse le ton

Le Pakistan a haussé le ton vis-à-vis de son allié américain le 28 novembre, deux jours après la bavure de la force de l'OTAN qui a tué 24 de ses soldats et a été qualifiée de "tragédie" par le président des États-Unis, Barack Obama.

Barack Obama estime que la mort de 24 soldats pakistanais dans un raid de l'OTAN est "une tragédie", a déclaré le 28 novembre son porte-parole, tout en insistant sur l'importance de maintenir des liens entre Washington et Islamabad. "Nous pleurons ces courageux soldats pakistanais qui ont perdu la vie", a déclaré Jay Carney lors de son point de presse quotidien, en assurant que les États-Unis prenaient "très au sérieux" cet incident qui a provoqué la fureur du Pakistan.

Les circonstances exactes du drame restent mystérieuses, chaque camp accusant l'autre d'avoir provoqué l'incident.

La force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF) comme les États-Unis, qui la dirigent, se sont efforcés depuis samedi dernier d'arrondir les angles après qu'Islamabad a en représailles décidé de bloquer le transit sur son territoire du ravitaillement destiné aux Occidentaux en Afghanistan, vital pour eux.

Les États-Unis ont annoncé au cours de la journée la nomination d'un général de l'armée de l'air pour diriger l'enquête sur les circonstances du drame, à laquelle doit se joindre un représentant de l'ISAF (la force de l'OTAN en Afghanistan), selon un communiqué du Commandement central américain basé en Floride.

Furieux de cette bavure, la pire de l'ISAF au Pakistan depuis que ce dernier s'est allié à la fin 2001 aux États-Unis et à leur "guerre contre le terrorisme" dans la région, Islamabad a également fait part aux États-Unis de sa volonté de réviser leur coopération dans la lutte antiterroriste.

Le Pakistan, considéré comme un acteur indispensable de la pacification de l'Afghanistan, a enfin évoqué un éventuel boycott de la conférence internationale sur ce pays prévue début décembre à Bonn (Allemagne).

Le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, d'ordinaire mesuré, a haussé le ton dans un entretien à la télévision américaine CNN, reprochant aux Américains de placer une fois de plus son gouvernement en position délicate face à une opinion publique déjà très anti-américaine, faisant ainsi le lit des radicaux. "Vous ne pouvez gagner aucune guerre sans le soutien des masses, et nous avons besoin d'eux, (or) ce genre d'incident les éloignent", a-t-il souligné, en prévenant que la relation bilatérale ne pouvait "se poursuivre que dans le respect mutuel". "Nous ne traiterons plus comme nous le faisions d'habitude, il nous en faudra davantage pour que le pays soit satisfait", a-t-il prévenu.

Cette affaire a ravivé la crise américano-pakistanaise provoquée par le raid clandestin de commandos américains qui avaient tué Oussama Ben Laden le 2 mai dernier à Abbottabad, dans le Nord du Pakistan.

Washington avait exprimé le 27 novembre ses "plus profondes condoléances" et s'était engagé à appuyer "une enquête immédiate" de l'ISAF. L'OTAN a, elle, regretté dimanche un "incident tragique" et "involontaire".

Que s'est-il exactement passé dans la nuit du 25 au 27 novembre dans la zone frontalière où sont implantés les deux postes militaires pakistanais bombardés par l'OTAN ? Deux jours après, les réponses se faisaient toujours attendre.

Alors qu'une enquête de l'ISAF est en cours, le journal américain Wall Street Journal, citant des responsables afghans et occidentaux anonymes, à affirmé le 28 novembre que les soldats pakistanais avaient d'abord ouvert le feu, provoquant l'attaque de l'OTAN.

Ni Kaboul, ni l'ISAF, ni Washington n'ont confirmé ces accusations. Mais elles ont alimenté la fureur de la très puissante armée pakistanaise, qui a dénoncé une "agression délibérée" de la part de l'OTAN.

Pour la troisième journée consécutive, quelques manifestations anti-américaines limitées, quelques centaines de personnes au total, ont eu lieu le 28 novembre dans plusieurs grandes villes du Pakistan, demandant au gouvernement de mettre fin à son alliance avec Washington.

La Chine s'est déclarée le 28 novembre "profondément choquée" par le bombardement de l'OTAN et a réclamé une enquête.

AFP/VNA/CVN

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