Les ministres arabes de l'Économie et des Finances, réunis au Caire, ont préparé un projet de résolution prévoyant en particulier un gel des comptes du gouvernement syrien et une interdiction de voyager pour des responsables, selon le texte distribué aux journalistes.
L'annonce de ce projet a été faite après deux ultimatums lancés en une semaine par la Ligue arabe au pouvoir en Syrie de cesser la répression qui continue de plus belle et d'accepter l'envoi d'observateurs arabes, sous peine de sanctions.
Le régime de Bachar al-Assad a ignoré ses ultimatums mais juste avant l'annonce du Caire, le chef de la diplomatie Walid Mouallem a accusé dans un courrier les Arabes de chercher à "internationaliser" la crise, en réaction à sa décision jeudi de faire appel à l'ONU pour l'aider à trouver un règlement.
Le projet de sanctions prévoit le "gel de toutes les transactions commerciales gouvernementales avec le gouvernement syrien, à l'exception de produits vitaux dont le peuple syrien pourrait se ressentir".
Il prévoit aussi "le gel des comptes bancaires du gouvernement syrien" dans les pays arabes et des "transactions financières" avec la Syrie, la suspension des liaisons aériennes entre les pays arabes et la Syrie et le gel des projets financés par les pays arabes dans le pays.
Le texte comporte également une "interdiction de voyager dans les pays arabes pour des personnalités et responsables syriens" dont l'organisation dressera une liste ultérieurement, précise le document.
Ce projet devait être soumis le 27 novembre pour approbation aux ministres arabes des Affaires étrangères, qui se réuniront au Caire.
Selon des sources à la Ligue arabe, les ministres des Finances ont également discuté des moyens d'acheminer de l'aide humanitaire à la Syrie pour minimiser l'impact des sanctions envisagées sur "les couches les plus vulnérables de la population".
L'économie syrienne est déjà affectée par des sanctions européennes et américaines et des mesures similaires de la Ligue arabe risquent d'étouffer la Syrie, dont la moitié des exportations et près d'un quart des importations se font avec les pays arabes.
Pour être adoptées, les sanctions doivent être approuvées par les deux-tiers des 22 pays membres de la Ligue arabe.
Si les monarchies arabes du Golfe, emmenées par l'Arabie saoudite, prônent une ligne dure à l'égard du régime syrien, d'autres pays ont exprimé de vives réticences, voire leur opposition, à des sanctions.
L'Irak a jugé "impossible d'imposer des sanctions à la Syrie". Le Liban avait fait savoir qu'il ne voterait pas en faveur des sanctions. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Nasser Jawdeh, a demandé que les sanctions soient "compatibles avec les intérêts de chaque État".
La Ligue arabe avait auparavant rejeté une série de modifications réclamées par Damas sur son plan de sortie de crise, assurant qu'elles le vidaient de sa substance.
Le 12 novembre, la Ligue arabe avait suspendu la participation de la Syrie à ses réunions et menacé Damas de sanctions économiques par 18 voix sur 22 membres : l'Irak s'est abstenu, le Yémen, le Liban et la Syrie ont voté contre.
Dans sa lettre adressée à la Ligue arabe, le ministre syrien Mouallem a souligné des "contradictions" dans les décisions de la Ligue arabe qui "d'une part parle du respect de la souveraineté de la Syrie à qui l'on veut éviter des interventions étrangères et de l'autre fait appel" à l'ONU.
AFP/VNA/CVN