Ban condamne l'assassinat du gouverneur du Pendjab au Pakistan

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné le 4 janvier l'assassinat à Islamabad du gouverneur de la province du Pendjab, y voyant "une perte" pour le Pakistan.

"Le secrétaire général condamne l'assassinat aujourd'hui (le 4 janvier) du gouverneur de la province du Pendjab au Pakistan, Salman Taseer, un dirigeant de premier plan dont la mort est une perte pour le Pakistan", a déclaré M. Ban, cité par son porte-parole Martin Nesirky.

Le gouverneur de la province pakistanaise stratégique du Pendjab a été tué le 4 janvier à Islamabad, victime, selon les autorités, de son opposition à la loi sur le blasphème.

Selon le ministère de l'Intérieur, Salman Taseer, 66 ans, gouverneur depuis 2008 de la province la plus peuplée et la plus importante du pays au niveau politique, a été tué par un de ses gardes qui lui reprochait son opposition à la loi sur le blasphème, défendue par de nombreuses organisations islamistes.

Le Pakistan était en deuil et en alerte le 5 janvier avant les funérailles du gouverneur du Pendjab.

Le gouvernement a décrété trois jours de deuil national à la suite de ce crime politique, le plus important au Pakistan depuis la mort fin 2007 de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto dans un attentat suicide.

La dépouille de M. Taseer a été transportée le 4 janvier à Lahore, capitale de la province du Pendjab et siège de son gouvernement, où les funérailles nationales ordonnées par le Premier ministre Yousuf Raza Gilani devaient débuter vers 13h00 (08h00 GMT) selon les autorités.

La ville était sous haute surveillance avant cette cérémonie où de nombreux responsables politiques étaient attendus, et sous tension après les manifestations le 4 janvier de dizaines de partisans du PPP dénonçant l'assassinat.

"Lahore et tout le Pendjab sont en alerte. Nous avons assez de forces déployées en réserve", a précisé le chef de l'administration de la ville, Khusro Pervez.

M. Gilani, confronté ces jours-ci à une grave crise politique qui menace son gouvernement, a appelé le 4 janvier au calme pour éviter de violentes manifestations, comme le pays en a connu dans le passé après des assassinats politiques.

Les enquêteurs devaient de leur côté déterminer si le garde de M. Taseer, Malik Mumtaz Hussain Qadri, a agi seul ou s'il s'agissait d'un complot plus large. Selon les autorités, il s'est immédiatement rendu et a avoué avoir tué le gouverneur en raison de son opposition à la loi sur le blasphème. Homme d'affaires à succès, Salman Taseer était un des rares responsables pakistanais qui n'hésitait pas à critiquer à haute voix les islamistes.

Son assassinat et les menaces proférées contre d'autres personnalités libérales soulignent selon plusieurs analystes locaux la profonde progression de l'extrémisme religieux dans la société, quelques jours après une grève générale à l'appel des conservateurs contre toute modification de la loi sur le blasphème qui a fait fermer de nombreux commerces dans le pays.

La mort de Salman Taseer intervient alors que le gouvernement, minoritaire au parlement après la défection dimanche d'un de ses principaux alliés au sein de la coalition au pouvoir, est désormais à la merci de l'opposition, qui peut le faire tomber si elle s'unit pour déposer une motion de censure.

Son chef Nawaz Sharif a lancé le 4 janvier un ultimatum à M. Gilani, lui donnant trois jours à partir de la fin du deuil national pour annoncer des réformes.

AFP/VNA/CVN

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