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Des enfants dans un camp de réfugiés au Soudan, le 12 novembre 2024. |
Photo : Xinhua/VNA/CVN |
Il y a quelques semaines encore, ce marché de la ville de Wad Madani était désert. La plupart des commerçants avaient fermé boutique, fuyant les combats entre l'armée et les paramilitaires.
Mais aujourd'hui, l'animation a repris et les clients marchandent à nouveau les produits frais après que l'armée a repris en janvier la ville à ses adversaires des Forces de soutien rapide (FSR).
"Nous nous sentons à nouveau en sécurité. Les gens achètent et vendent comme auparavant", affirme, satisfait, Ahmed Al-Obeid en rangeant une pile d'oignons.
Depuis avril 2023, le Soudan est en proie à un conflit sanglant entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, qui dirige les FSR.
Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazira, qui fut avant la guerre un grenier à blé, est devenue un féroce champ de bataille quand les FSR ont envahi la ville en décembre 2023, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir au milieu d'informations faisant état d'exécutions sommaires et de violences systématiques.
Retour prudent à la normale
Les décombres de bâtiments, les devantures calcinées de magasins, des restaurants et d'autres commerces portent les stigmates de la guerre.
Mais aujourd'hui, les signes de reprise sont palpables. Les commerçants sur le marché haranguent la clientèle, l'hôpital reçoit de nouveau les malades et les conducteurs de pousse-pousse sillonnent les rues sinueuses.
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Les soldats soudanais patrouillent au Port Soudan. |
Photo : Archives AFP/VNA/CVN |
Le couloir de la maternité du principal hôpital de la ville ne désemplit pas et des infirmières en blouse blanche se déplacent dans les services pour prendre soin des patients.
"Cela n'a rien à voir avec le chaos que nous avions avant. Dieu soit loué", a déclaré Rehab Moussa, une patiente hospitalisée.
Durant le contrôle des FSR, le gynécologue et obstétricien Khalid Mohamed pratiquait seul des césariennes et accouchements.
Aujourd'hui, davantage de personnel est revenu. "Notre hôpital est de nouveau opérationnel et les choses semblent s'améliorer", a raconté le médecin.
Il souligne toutefois que de sérieux défis restent à relever. Il continue de jongler entre plusieurs opérations, courant souvent d'une salle d'opération à l'autre alors que l'hôpital manque toujours de médicaments et d'équipements.
"Nos fournitures chirurgicales, y compris les sutures, sont presque périmées et nous avons vraiment besoin de plus de matériel d'anesthésie", ajoute le Dr Mohamed.
"Il faut que tout le monde revienne"
Après la reprise de Wad Madani par l'armée, des cris de joie "Nous rentrons" ont fusé dans les centres de déplacés à travers le pays, y compris dans la capitale de facto sur la mer Rouge, Port Soudan.
Au début du mois, un correspondant de l'AFP à Port Soudan a rapporté qu'environ 70 bus, transportant environ 3.500 déplacés, étaient partis pour Wad Madani.
Beaucoup d'entre eux n'avaient aucune idée de ce qu'ils allaient retrouver dans la ville pillée par les paramilitaires, d'autres disaient savoir que leurs maisons avaient été saccagées.
L'électricité n'a pas encore été rétablie dans la ville, l'eau est coupée la plupart du temps et la coupure des communications vient à peine d'être levée, selon des habitants rentrés à Wad Madani.
Près du marché, Mohamed Abdel Moneim, un chauffeur de rickshaw, est optimiste. "La ville est sûre maintenant, tout va bien", a dit-il en se faufilant dans la foule à la recherche de passagers.
"Mais il manque encore une chose : les gens. Nous avons besoin que tout le monde revienne et reconstruise la ville", a-t-il ajouté.
AFP/VNA/CVN