Auteurs revendiqués de la plupart des attentats suicide en Afghanistan depuis dix ans, les insurgés talibans, sunnites radicaux qui considèrent les chiites comme des hérétiques et les empêchaient de facto de célébrer leurs fêtes quand ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001, ont "condamné" les deux attentats les qualifiant de "contraire à l'islam".
Le président Hamid Karzai a annulé une visite officielle prévue à Londres à partir de le 6 décembre et a rentré directement en Afghanistan après les événements.
L'attentat de Kaboul a été commis par un kamikaze et a fait 55 morts et 134 blessés, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Siddiq Siddiqi, qui a mis en cause les talibans.
Quasi-simultanément, quatre personnes ont été tuées et quatre blessées quand un vélo piégé a explosé à Mazar-i-Sharif (Nord), au passage de fidèles chiites se rendant au principal sanctuaire de cette ville, où les chiites sont minoritaires mais fortement représentés, ont indiqué les autorités provinciales.
Les victimes sont toutes chiites, selon le porte-parole des autorités de la province de Balkh, Munir Ahmad Farhad, qui a néanmoins estimé qu'il n'était pas sûr que les chiites étaient spécifiquement visés.
Le vaste mausolée recouvert de faïence bleue, symbole de la ville et près duquel l'attentat a eu lieu, rassemble aussi bien les chiites que les sunnites. Il est réputé avoir été élevé sur la tombe d'Ali, considéré par les chiites comme le premier imam et le successeur de Mahomet. L'attentat de Kaboul est le plus meurtrier en Afghanistan depuis celui contre l'ambassade d'Inde à Kaboul en juillet 2008 qui avait fait plus de 60 morts.
Cet attentat est le premier de cette ampleur visant explicitement la minorité chiite en Afghanistan, où les violences interconfessionnelles sont rares, alors que les attentats antichiites sont fréquents au Pakistan voisin.
"C'est la première fois qu'à l'occasion d'une fête religieuse aussi importante en Afghanistan un acte terroriste aussi horrible a lieu", a réagi le président Hamid Karzaï en Allemagne, où il participait la veille à une conférence internationale sur l'avenir de l'Afghanistan.
Immédiatement après l'explosion, un photographe de l'AFP qui se trouvait sur les lieux avait dénombré au moins 30 cadavres, dont ceux de nombreux enfants.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, "profondément attristé" a condamné "dans les termes les plus fermes de telles attaques aveugles contre des civils".
La Maison Blanche a "vivement" condamné les deux attentats, soulignant que "beaucoup (des victimes) étaient des femmes et des enfants". Paris et Londres ont également dénoncé des "actes lâches et odieux" et des "attentats sectaires".
Le gouvernement des Émirats arabes unis a lui aussi condamné des actes "criminels", destinés à "provoquer la sédition et à semer la discorde entre les Afghans", qu'il a exhortés à "rester unis face au terrorisme".
AFP/VNA/CVN