Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, le 20 janvier à Athènes. |
"On continue demain" (le 21 janvier), a lancé le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos de sa voiture, après plus de quatre heures de réunion au palais du Premier ministre à Athènes avec les représentants des banques créancières du pays. Le lobby bancaire mondial IIF, qui mène les négociations côté créanciers privés a publié un bref communiqué dans la foulée soulignant que "les éléments" de l'accord "se mettent en place", mais appelant les parties à "agir de façon décisive et à saisir l'opportunité pour finaliser cet accord historique".
Après plus d'une semaine de discussions serrées à Athènes, des espoirs avaient été exprimés d'une conclusion dès le 20 janvier au soir sur un accord cadre, même si au fil de la soirée, les médias grecs ne pariaient plus sur une annonce immédiate. Dans l'après-midi, les partenaires européens de la Grèce ont été informés de l'avancée des discussions, via téléconférence. Coté banque, les négociateurs ont aussi consulté leurs mandants.
Cette négociation, cruciale pour l'avenir de la Grèce, est unique en son genre. Elle vise à faire accepter aux banques de perdre volontairement une partie de leur mise sur les obligations souveraines grecques qu'elles détiennent, pour éviter une faillite désordonnée du pays en mars, qui menacerait l'intégrité de la zone euro.
La négociation dans une atmosphère tendue
Les détails sur le taux d'intérêt que devra payer la Grèce sur les nouvelles obligations émises, ainsi que l'ampleur des pertes que devront supporter les banques, continuaient de faire l'objet de toutes les spéculations. La négociation se déroule dans une atmosphère tendue, en lien permanent avec Bruxelles, Washington, Berlin et Paris, où se trouvent les créanciers institutionnels du pays (UE et FMI) qui ont eux aussi entamé le 20 janvier une nouvelle négociation avec Athènes en vue de l'attribution d'un deuxième plan d'aide au pays.
Selon le site Internet du journal Kathimerini (partenaire en Grèce du International Herald Tribune), la troïka des créanciers institutionnels a de nouveau demandé dans la soirée que les nouvelles obligations qui seront émises portent un taux d'intérêt plus bas que ce qui était envisagé jusqu'à présent, afin d'alléger le fardeau des Grecs. Une telle option est susceptible d'augmenter de fait les pertes réelles que subiront les banques dans le processus de restructuration.
Les discussions avaient déjà été suspendues le 13 janvier, suite à un coup de poker et un désaccord sur le coupon, Berlin et le FMI faisant pression pour des taux d'intérêt le moins élevé possible. L'enjeu pour la zone euro est de taille, car sans accord avec ses créanciers privés et publics, le pays ne pourra pas rembourser 14,4 milliards d'obligations arrivant à échéance le 20 mars, ce qui constituerait un défaut de paiement désordonné du pays.
À l'inverse, une stabilisation du pays à l'origine de la crise de la dette pourrait constituer une phase décisive pour la zone euro. Elle permettrait de consolider le relatif répit observé depuis le début de l'année sur les marchés boursiers et obligataires, qui ont relativement bien digéré la décision de l'agence Standard & Poors de dégrader neuf pays de la zone euro il y à une semaine.
Une étape importante a eu lieu côté italien, le 20 janvier, où le gouvernement de Mario Monti a obtenu l'adoption à l'issue d'un conseil des ministres-fleuve d'un vaste programme de libéralisations visant à insuffler davantage de concurrence dans l'économie du pays, entré en récession. Comme en Grèce, où un tel plan adopté l'an dernier n'a pas encore été réellement appliqué, la mesure suscite la grogne des corporations touchées (taxis, pharmacies, distribution d'essence, gaz, professions libérales), d'autant qu'elle succède à l'adoption fin décembre d'un nouveau plan de rigueur.
Troisième de ces maillons faibles qui font trembler l'euro et sont soumis à une cure de redressement combinant rigueur et libéralisation, le Portugal traverse lui un "moment réellement critique", a rappelé le 20 janvier le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho.
Les Bourses européennes ont fini en légère baisse le 20 janvier, dans un marché suspendu à l'issue des négociations en Grèce. L'euro baissait aussi un peu face au dollar, les cambistes engrangeant quelques bénéfices à l'approche d'un accord qu'ils jugent imminent, après une semaine à la hausse pour la devise européenne. David Solin, analyste chez Foreign Exchange Analytics pariait sur un accord "ce soir ou ce week-end". "Maintenant, la question est : quel va être le contenu de l'accord?" ajoutait-il. AFP/VNA/CVN