Le président républicain de la Chambre des représentants John Boehner, le 18 janvier à Washington. |
Cependant, le groupe TransCanada, à l'origine du projet, a immédiatement annoncé qu'il allait en présenter une nouvelle version afin de relier malgré tous les sables bitumineux canadiens au sud des États-Unis. "Nous allons faire une nouvelle demande", a indiqué le patron du groupe canadien Russ Girling dans un communiqué, disant espérer qu'elle "soit traitée rapidement, de façon à permettre la mise en service de l'oléoduc fin 2014".
Le Premier ministre canadien Stephen Harper s'est déclaré "profondément déçu" par le rejet américain, lors d'un entretien téléphonique avec le président Obama, ont indiqué ses services. "Cette annonce n'est pas liée aux mérites de l'oléoduc en eux-mêmes mais à des délais arbitraires empêchant le département d'État de rassembler les informations nécessaires pour approuver le projet", s'est justifié le président américain dans un communiqué.
Sous la pression des écologistes, l'administration avait reporté ce projet à 2013, après la présidentielle de novembre, afin de réaliser une étude supplémentaire sur l'environnement. Mais une disposition introduite par les républicains fin décembre, dans un projet de loi sur des allégements fiscaux, lui imposait de prendre une décision sur ce projet avant fin février.
"Je suis déçu du fait que les républicains du Congrès aient été à l'origine de cette décision, mais cela ne change pas l'engagement de mon administration envers une énergie produite aux États-Unis, capable de créer des emplois et de réduire notre dépendance envers le pétrole", a ajouté M. Obama, candidat à un second mandat à la tête du pays.
L'oléoduc devait courir sur 2.700 km entre la province canadienne d'Alberta et le Golfe du Mexique, pour un coût de sept milliards de dollars. Le projet devait créer 20.000 emplois aux États-Unis et injecter 20 milliards de dollars dans l'économie américaine, selon TransCanada, ce dont se réjouissaient les républicains.
Mais les associations écologistes s'opposaient à la construction d'une telle infrastructure soulignant les risques qu'elle ferait, selon eux, courir aux écosystèmes, ainsi que l'origine du pétrole qu'elle aurait transporté : les sables bitumineux d'Alberta, une source de pétrole qui nécessite une extraction énergétivore et productrice d'un grand volume de gaz à effet de serre.
"Cette bataille ne va pas se terminer ainsi, vous pouvez compter sur nous", a réagi le président républicain de la Chambre des représentants John Boehner. Cette décision est "aussi choquante que révélatrice", a dénoncé de son côté Mitt Romney, le favori à l'investiture républicaine en vue de la présidentielle du 6 novembre. Le président de l'ONG Natural Resources Defense Council, Frances Beinecke, a jugé de son côté que le projet avait été "rejeté pour de bonnes raisons".