Le Premier ministre français François Fillon lors d’une conférence de presse le 14 janvier à Paris. |
Ces nouvelles turbulences sont aggravées par l'impasse des négociations sur la dette de la Grèce, pourtant vitales pour éviter à Athènes la faillite. Après le succès des premières émissions obligataires de l'année en Italie et en Espagne, qui semblait éloigner le risque de voir la crise empirer, Standard and Poor's (SP) a mis le 13 janvier une grande partie de ses menaces à exécution.
L'agence d'évaluation financière, qui envisageait d'abaisser la note de 15 des 17 États de l'Union monétaire, en a finalement dégradé neuf. La principale punition concerne la France, deuxième économie européenne, qui perd son AAA, meilleure note possible, et descend d'une marche, comme l'Autriche, à AA+. La sanction est d'autant plus nette que les quatre autres "triple A" de la zone euro, Pays-Bas, Luxembourg, Finlande mais surtout Allemagne, conservent cette distinction qui permet de s'endetter à moindre coût. Les pays déjà dans le viseur des marchés sont aussi durement frappés : l'Italie et l'Espagne sont dégradées de deux crans, les dettes du Portugal et Chypre sont reléguées par SP au rang d'investissements "spéculatifs". Les notes de Malte, de la Slovaquie et de la Slovénie sont abaissées d'un cran.
L'agence laisse aussi planer la menace d'une nouvelle dégradation d'ici fin 2013 pour tous les pays de la zone euro, hors l'Allemagne, plus que jamais dans la peau du bon élève, et la Slovaquie. "L'efficacité, la stabilité et la prévisibilité de la politique et des institutions politiques européennes ne sont pas aussi solides qu'il le faudrait", a jugé SP, qui déplore "une réforme reposant sur le seul pilier de l'austérité budgétaire". C'est donc en partie le futur traité de stricte discipline budgétaire voulu par l'Allemagne, avec le soutien de la France, qui est dans son collimateur. Ainsi que l'insuffisance des "ressources" et de la "flexibilité" octroyés aux fonds de secours de la zone euro. Mais c'est la France, avec son "niveau relativement élevé de la dette publique" et les "rigidités de son marché du travail", qui fait les frais de ce réquisitoire.
Perte triple A : "attendue", ne doit être
ni "dramatisée" ni "sous-estimée"
Le Premier ministre français François Fillon a estimé le 14 janvier que la dégradation de la note de la France était une décision "attendue" mais intervenant à "contre-temps", et qu'elle ne devait "pas être dramatisée, pas plus que sous-estimée". "La France est un pays sûr, un pays dans lequel les investisseurs ont confiance et peuvent avoir confiance. Les agences de notation sont des baromètres utiles mais ce ne sont pas elles qui font la politique de la France", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse à Matignon.
M. Fillon a jugé que cette dégradation de la note par Standard & Poor's était "à contre-temps au regard des efforts engagés par la zone euro, des efforts que les investisseurs d'ailleurs commencent à reconnaître". "Cette décision constitue une alerte qui ne doit pas être dramatisée, pas plus qu'elle ne doit être sous-estimée", a-t-il fait valoir.
AFP/VNA/CVN