"L'analyse effectuée (par l'OMC) semble très complète et les conclusions appuient les vues de l'UE dans le différend" entre les 2 compagnies, a déclaré dans un communiqué le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, qui représente l'Union européenne sur ce dossier. "Une évaluation plus détaillée est nécessaire, mais je crois encore plus fermement qu'auparavant que la question des subventions aux constructeurs d'avions ne peut être réglée que par la voie de négociations", a-t-il ajouté.
Le verdict préliminaire rendu par un panel du gendarme du commerce mondial reste confidentiel à ce stade. La version finale ne sera publiée que dans plusieurs mois.
Airbus et le gouvernement français ont également fait état d'une décision allant dans leur sens. "Boeing bénéficie de milliards de dollars de subventions gouvernementales qui sont jugées illégales par l'OMC", a affirmé le directeur de la communication d'Airbus, Rainer Ohler.
Le rapport "condamne les subventions massives reçues par Boeing qui violent les règles de l'OMC et donnent raison pour tout l'essentiel à la plainte de l'Union européenne", a indiqué de son côté le gouvernement français.
L'OMC était appelée à statuer sur une vingtaine de programmes d'aides à Boeing.
Au-delà de la série d'exonérations fiscales et sociales dont Boeing a pu bénéficier, la question clé du jugement concerne les modalités des aides versées par la NASA et le Pentagone à l'avionneur américain, sous forme de programmes de recherches et développement.
Pour l'UE, il ne fait pas de doute que ces aides, estimées à quelque 24 milliards de dollars, constituent des subventions américaines déguisées derrière des contrats spatiaux et d'armement.
Les experts s'attendent à un jugement final moins tranché, permettant plusieurs lectures.
Ce verdict était très attendu après le premier jugement rendu le 30 juin par l'OMC, qui avait condamné certaines aides européennes à Airbus (groupe EADS).
"Ce rapport met les pendules à l'heure", a insisté Paris, estimant que les subventions européennes en faveur d'Airbus dénoncées par l'OMC étaient d'une "ampleur très inférieure à ce qu'a reçu Boeing".
Les États-Unis ont, eux, contesté l'analyse selon laquelle les Européens auraient remporté la manche. "Il semble y avoir un certain nombre d'inexactitudes importantes qui se répandent dans les informations de presse" au sujet du rapport publié par l'OMC, a indiqué une porte-parole du représentant américain au Commerce extérieur, Nefeterius McPherson.
De son côté, Boeing a affirmé que, "si les informations diffusées aujourd'hui sont correctes et que l'OMC n'a effectivement trouvé que 3 milliards de dollars d'aides illégales, alors le verdict équivaut à un rejet en bloc des accusations formulées par l'Union européenne". Il juge aussi qu'il "ne semble pas y avoir (dans le rapport) de violations requérant des corrections s'approchant de celles requises d'Airbus/EADS" en juin par l'OMC, qui "avait demandé le retrait de 4 milliards de dollars d'aides illégales" reçues dans le cadre du développement de son A380.
Les 2 parties renvoyées dos-à-dos, n'ont plus, selon les experts, d'autre issue que de renégocier une trêve. Ce qu'ont souhaité d'une seule voix le 15 septembre Airbus et l'UE. "Maintenant que les 2 rapports sont disponibles, il est temps d'arrêter de se rejeter la faute", a expliqué M. Ohler appelant à des négociations pour "définir de nouvelles règles du jeu équitables" pour l'aéronautique mondiale.
AFP/VNA/CVN