En vue de garantir sa sécurité alimentaire nationale, le Vietnam compte généraliser l'usage des organismes génétiquement modifiés (OGM).
Un colloque sur le développement d'une approche stratégique de biosécurité au Vietnam a été récemment co-organisé à Hanoi par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et l'Institut international de recherche en politiques alimentaires (IFPRI). Ce colloque s'est concentré sur la construction d'outils nécessaires à la création d'un réseau de biosécurité, avec notamment la présentation du réseau de renseignement Net-Mapping sur les biotechnologies développé par IFPRI depuis 2008. Selon le vice-ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Bùi Ba Bông, "les modifications du génome pourraient engendrer des risques biologiques, sur l'environnement, la santé...". Dans plusieurs pays, des systèmes de gestion et de contrôle ont été mis au point afin de limiter de tels risques, mais leur création au Vietnam pose de grands défis. Actuellement, le Vietnam dispose d'une réglementation en matière de biosécurité et de développement des biotechnologies, outre des politiques concernant leur développement à travers la coopération, l'acquisition d'expériences d'autres pays...
Un levier pour l'agriculture
Pour Pham Van Toan, expert à l'Institut des sciences agricoles du Vietnam, le maïs est la première plante génétiquement modifiée à être cultivée de façon expérimentale au Vietnam, avec un rendement qui pourrait atteindre dix tonnes l'hectare, soit le double du maïs non transgénique. L'expérimentation est appliquée dans les provinces de Dak Lak (hauts plateaux), Nghê An (Centre), Bà Ria-Vung Tàu et Dông Nai (Sud), ainsi que Son La et Vinh Phuc (Nord). Les essais ont été concluants et l'adoption du maïs résistant aux insectes pourrait permettre de réduire les besoins d'importation de maïs, utilisé au Vietnam pour l'alimentation animale. La production annuelle de maïs est de 1,1 à 1,2 million de tonnes, mais les besoins sont évalués à 1,5 million de tonnes. Toujours selon lui, le Vietnam projette la généralisation en 2012 de telles cultures pour l'alimentation du bétail. Actuellement, 26 pays dans le monde cultivent des plantes transgéniques, et aucune influence négative de celles-ci sur la santé humaine n'a été établie.
Selon le prof.-Docteur Lê Huy Hàm, directeur de l'Institut de génétique agricole, du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, l'emploi d'organismes génétiquement modifiés dans l'agriculture remonte à 16 ans déjà. Le monde compte aujourd'hui près de 126 millions d'hectares de cultures d'OGM, et les aliments fabriqués avec ceux-ci présentent toutes les conditions de sécurité, a affirmé le Docteur Raynaldo V.Ebora, directeur de l'Institut de la biologie des Philippines. Actuellement, les produits à base d'OGM sont consommés par 350 millions de personnes en Amérique du Nord et aucun effet négatif n'a été constaté.
Au Vietnam, chaque année, de 50.000 à 70.000 ha de terres agricoles disparaissent au profit de l'habitat, de l'industrie ou d'infrastructures de communication. En d'autres termes, la garantie de la sécurité alimentaire nationale ne va pas de soi, outre qu'elle est fortement compromise par les effets du changement climatique, fait savoir Nguyên Tri Ngoc, directeur du Département des cultures, relevant du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. "Notre production annuelle de maïs est de quatre millions de tonnes alors que l'élevage en consomme 5,5 millions de tonnes, ce qui nous oblige à en importer pour 500 millions de dollars. Cultiver du maïs transgénique à grande échelle permettra au Vietnam de limiter ses importations. C'est la même réflexion qui nous pousse aussi à envisager la culture du soja génétiquement modifié dès 2013-2014", a-t-il précisé.
Les plantes génétiquement modifiées sont d'une très forte rentabilité. En effet, elles résistent naturellement aux parasites et maladies, ce qui conduit à une baisse du coût de production et un doublement du rendement.
Thuy Tiên/CVN