Face à cette situation, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a promulgué le 1er mars dernier une décision sur l'expérimentation depuis le 1er octobre de l'assurance agricole dans 21 villes et provinces pour la période 2011-2013.
Ainsi, à partir de la principale récolte de cette année, l'assurance riziculture sera testée dans sept provinces : Nam Dinh et Thái Bình (Nord), Nghê An, Hà Tinh et Bình Thuân (Centre), ainsi que An Giang et Dông Tháp (Sud).
L'assurance agricole permet non seulement aux agriculteurs de diminuer les conséquences des risques climatiques et épidémiques, mais encore de les orienter vers une spécialisation des exploitations. Les petites exploitations familiales ne suivant pas le processus de production commun resteront exclues. Les localités du delta du Mékong comptent des dizaines de grandes exploitations, d'une superficie unitaire allant de 100 à 2.000 ha. An Giang en arrive en tête, avec plus de 3.000 ha découpés de la sorte, surtout à Thoai Son et Châu Thành. Vient ensuite Dông Tháp, qui recense dix grandes rizières d'une superficie totale de plus de 1.500 ha. "Il s'agit de prémisses importantes pour généraliser l'assurance agricole", estime Doàn Ngoc Pha, directeur adjoint du Service de l'agriculture et du développement rural de la province d'An Giang.
Dans le Nord, la province de Nam Dinh a choisi les districts de Hai Hâu, Truc Ninh et Vu Ban pour expérimenter l'assurance agricole. Seuls les propriétaires de champs d'au minimum cinq hectares sont autorisés à souscrire un contrat d'assurance. La province souhaite que 80% d'entre eux soient assurés pour la campagne rizicole d'hiver-printemps, puis que ce taux passe à 95-100% pour les campagnes suivantes.
L'élevage est l'un des secteurs de production qui nécessitent d'importants investissements, mais qui sont les premiers concernés par les calamités naturelles et les épidémies. Ainsi, l'assurance pour les élevages de volailles et de bétails sera appliquée à titre d'essai dans neuf provinces et villes : Hanoi, Hai Phòng, Bac Ninh, Vinh Phúc, Thanh Hoá (Nord), Nghê An, Bình Dinh (Centre), ainsi que Bình Duong et Dông Nai (Sud). Cette dernière a créé un comité de pilotage de l'assurance agricole qui a pour mission de vulgariser ce type de service aux éleveurs de la province. "Nous sommes très enthousiastes à l'idée d'être prémunis contre les risques climatiques et épidémiques par l'État qui, plus important, nous accorde une subvention pour la prime d'assurance", se réjouit Nguyên Hanh Nhât, propriétaire d'une ferme porcine dans la commune de Bao Vinh, chef-lieu de Long Khánh (province de Dông Nai).
Comme Dông Nai, Hanoi a été choisie pour expérimenter l'assurance dans l'élevage porcin et de vaches laitières. "Les éleveurs ici souhaitent avant tout être indemnisés en cas de perte. Car une vache laitière coûte cher, et sa mort précoce est très dommageable pour nous financièrement parlant", explique Phí Dình Nghi, chef d'un foyer d'éleveurs de la commune de Vân Hoà, district de Ba Vì. Une mésaventure qu'il a vécue en 2010 : "La perte matérielle était très importante. Cette vache nous avait coûté 37 millions de dôngs et nous avions dû alors emprunter à la banque pour l'acheter. Sans assurance, quand un tel désastre se produit, nous ne savons pas sur qui compter", partage M. Nghi.
L'agriculture a besoin d'investissements de plus en plus massifs, alors que dans le même temps, les aléas climatiques et épidémiques sont devenus plus importants. "L'application de l'assurance agricole est devenue une urgence dans ce contexte difficile", insiste Nguyên Phùng Hoan, directeur adjoint du Service de l'agriculture et du développement rural de la province de Nam Dinh. Cependant, d'après lui, il y a du pain sur la planche. Si l'ensemble des activités économiques doit conjuguer avec différents types de risques, l'agriculture y est particulièrement exposée, qu'ils soient climatiques ou épidémiques. "Les indemnisations sont élevées, tandis que les primes sont basses, ce qui n'intéresse pas trop les compagnies d'assurances dans ce secteur. De plus, lorsque les calamités naturelles frappent leur exploitation, les agriculteurs reçoivent souvent des aides provenant du gouvernement, d'où leur réticence à la souscription d'un contrat d'assurance", indique-t-il. Et de souligner l'importance de la vulgarisation et de la sensibilisation des agriculteurs sur ce type de service.
Plus de la moitié des êtres humains sur la planète vivent de l'agriculture. Selon la Banque mondiale, ce secteur peut représenter jusqu'à 40% du PIB de pays tels que les États sahéliens. Plus des trois quarts des habitants pauvres des pays en développement vivent dans les zones rurales et la subsistance de la plupart d'entre eux dépend de l'agriculture. Les personnes extrêmement pauvres dépensent plus de la moitié de leurs revenus pour se procurer (ou produire) des aliments de base, qui constituent plus des deux tiers de leur apport en calories.
Huy Quang/CVN