"Nous constatons que la situation se détériore alors que le processus de décision traîne en longueur", a estimé le sénateur républicain John McCain le 28 octobre. "Le président américain doit prendre cette décision et rapidement. Nos alliés sont mal à l'aise et notre commandement militaire en vient à être nerveux", a ajouté l'ancien candidat à la Maison Blanche.
La Maison Blanche a riposté en rappelant que le temps pris par Barack Obama avant de rendre son arbitrage est justifié par la gravité de son choix : envoyer ou non des dizaines de milliers de soldats en renfort dans une guerre qui s'enlise. "Je ne pense pas que les Américains suivent le sénateur John McCain sur ce point", a déclaré le porte-parole de Barack Obama, Robert Gibbs. "C'est important d'écouter et de faire les choses bien", a-t-il ajouté.
L'opinion publique américaine est mise à l'épreuve par les pertes en Afghanistan où, au mois d'octobre, les troupes américaines ont enregistré leurs pertes les plus importantes depuis le début du conflit en 2001.
L'élection présidentielle entachée de fraudes, les manoeuvres politiques entourant l'organisation d'un second tour et l'attentat visant l'ONU à Kaboul, dans lequel 8 personnes ont trouvé la mort le 28 octobre, n'aident pas atténuer les doutes liés à la mission américaine en Afghanistan.
Et les attentats au Pakistan, dont le dernier, le 28 octobre, a tué 105 personnes sur un marché de Peshawar, font naître dans le même temps de nouvelles menaces d'instabilité pour le gouvernement d'Islamabad, allié des États-Unis.
Les républicains voient dans l'accumulation des difficultés le signe que Barack Obama doit répondre favorablement à la demande du général Stanley McChrystal, chef des forces américaines et internationales en Afghanistan, qui réclame 40.000 hommes supplémentaires.
Dans le même temps, le sénateur démocrate Russ Feingold est loin d'être isolé quand il affirme qu'il veut que les États-Unis réussissent en Afghanistan mais pas à n'importe quel prix. "La sécurité nationale et celle des citoyens américains sont les seules questions qui comptent pour moi", a-t-il dit.
En apparence, Barack Obama ne semble pas en phase avec une crise qui s'aggrave, sa prochaine réunion avec ses chefs militaires n'étant programmée qu'aujourd'hui.
Mardi, il a dit aux militaires en Floride (Sud-Est des États-Unis) qu'il n'allait pas précipiter une décision dont des vies dépendent.
Ses collaborateurs soulignent que personne n'envisage plus sérieusement les conséquences d'une telle décision que le président américain, lui qui signe les lettres de condoléances adressées aux familles des soldats tombés sur le champ de bataille.
Selon l'influent sénateur John Kerry, le président pourrait prendre sa décision avant de partir pour une tournée de 8 jours en Asie le 11 novembre. M. Gibbs a indiqué mardi que le locataire de la Maison Blanche arrivait à la fin de son processus de décision.
Les sondages montrent que l'opinion publique est très divisée. Seules 43% des personnes interrogées sont favorables à l'envoi de 40.000 renforts, selon une enquête d'opinion du Wall Street Journal/NBC.
AFP/VNA/CVN