L'UE sous pression pour avancer dans la réponse crédible à la crise de la dette

La zone euro est pressée par des marchés financiers de nouveau inquiets d'accélérer la manoeuvre pour apporter une réponse crédible à la crise de la dette, mais peine à progresser en raison de divergences de fond et sur les priorités du moment.

Les ministres des Finances des 17 pays de la zone euro puis de toute l'Union européenne ont discuté largement de ces sujets lors de réunions les 14 et 15 février à Bruxelles. Ils n'ont pas fait de grandes avancées.

Principal résultat concret : les grands argentiers de la zone euro ont annoncé un accord de principe pour doubler à 500 milliards d'euros la force de frappe de leur futur Fonds de soutien permanent aux pays en difficulté, qui remplacera à partir de mi-2013 le dispositif temporaire actuel. Mais il s'agit d'une mesure sur le moyen-terme. Et pour le reste, les discussions traînent en longueur.

Il s'agit notamment de renforcer le Fonds de soutien financier actuel de la zone euro et de se mettre d'accord sur la contrepartie exigée par des pays comme l'Allemagne, à savoir une plus grande discipline budgétaire, une meilleure coordination des politiques économiques nationales et une compétitivité européenne accrue.

Berlin et Paris ont proposé à ce sujet un "pacte" qui reste très contesté car beaucoup y voient un "diktat" de l'Allemagne pour imposer son modèle aux autres.

Les Européens se préparent à entamer sur tous ces sujets un marathon de réunions en mars, en vue d'une décision finale attendue lors d'un sommet de l'UE les 24 et 25 mars. Mais plusieurs pays, à commencer par le Portugal, pays dans le collimateur des marchés après la Grèce et l'Irlande, regrettent la lenteur de la zone euro à progresser. "C'est un processus qui s'avère, à mon avis, plus lent qu'il ne faudrait", a déploré le 15 février le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos. "Il n'y a pas d'avancée, ni d'engagement de la part des États membres dans le sens d'un renforcement du volume des Fonds qui peuvent être mis à disposition", a-t-il ajouté, "les lenteurs et hésitations affectent la zone euro et la stabilisation de l'euro, et par conséquent, tout pays qui fait partie de la zone".

Frustré, le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, a aussi estimé le 14 février que la remontée actuelle des taux d'intérêt des obligations des pays fragiles s'expliquait "probablement" par le fait que "nous sommes trop lents pour prendre les décisions nécessaires".

Car après un moment d'accalmie, les marchés obligataires donnent à nouveau des signes d'inquiétude.

Les taux des emprunts d'État à dix ans du Portugal et des autres pays considérés comme fragiles de l'Union monétaire, ont continué à grimper le 15 février sur les marchés obligataires, traduisant un défiance accrue de la part des investisseurs, qui attendent des garanties sur le court terme.

Or, l'Allemagne ne veut pas prendre d'engagement sur un renforcement du Fonds de secours actuel sans avoir en contrepartie des garanties sur une meilleure discipline commune de tous les pays de la zone euro pour réduire les déficits et faire des réformes structurelles.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, s'est montré prudent sur les chances de réussite au final du dispositif anti-crise : "il n'y accord sur rien tant qu'il n'y a pas d'accord sur tout".

AFP/VNA/CVN

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