Déficit commercial le fossé se creuse aux États-Unis

La perte d'influence de l'Europe et la montée de l'Asie apparaissent de manière criante dans les chiffres du commerce extérieur des États-Unis, de plus en plus tournés vers la Chine et d'autres pays émergents.

En 2010, le Vieux Continent est apparu comme un partenaire commercial de moins en moins privilégié par la première économie mondiale.

D'après des chiffres publiés par le département du Commerce américain le 11 février, la part de l'Union européenne (UE) sur le marché américain est tombée de 18,1% en 2009 à 16,7% en 2010, et celle de la zone euro de 13,6% à 12,7%.

Dans le même temps, celle des pays du pourtour du Pacifique passait de 34,1% à 34,2%. Celle de la Chine avançait légèrement, de 19% à 19,1%.

La Chine a ravi au Canada la place de premier exportateur de biens vers les États-Unis en 2009, et celle de premier exportateur mondial à l'Allemagne en 2010. Le fossé avec ses concurrents se creuse : en 2010 les États-Unis ont importé pour 364,9 milliards de dollars de produits "made in China", contre 276,5 milliards de "made in Canada", et 319,6 milliards de produits de l'UE.

Par ailleurs, l'évidence veut pour les exportateurs américains d'aller chercher de nouveaux débouchés ailleurs qu'en Europe.

En janvier 2010, le président Barack Obama avait promis un doublement des exportations américaines entre 2009 et 2014. Les États-Unis sont partis sur un bon rythme, grâce à leurs voisins (Canada et Mexique) et aux pays émergents et asiatiques.

En revanche, l'Europe les freine. Dans l'ensemble les exportations américaines ont progressé de 16,6% en 2010, mais vers l'UE de 8,7% seulement. "95% des consommateurs du monde vivent en dehors de nos frontières", répétait encore le 11 février le secrétaire au Commerce, Gary Locke. Mais pour l'administration Obama, la priorité va clairement à ceux d'Asie et d'Amérique latine.

Dans son discours sur l'État de l'Union en janvier, M. Obama a parlé de commerce extérieur avec l'Inde, la Chine, la Corée du Sud et deux pays avec lesquels il cherche à conclure un accord commercial, la Colombie et le Panama. Pas un mot sur les relations économiques avec l'Europe.

M. Locke revient d'Inde. "Cette mission commerciale a été une réussite éclatante", a-t-il claironné le 11 février. Il était allé en Indonésie et en Chine en mai, et au Brésil en mars. Depuis la prise de fonctions de M. Obama en janvier 2009, ses missions l'ont conduit sur tous les continents, rarement en Europe.

Les États-Unis n'envoient en Europe que leur représentant au Commerce extérieur, Ron Kirk, chargé de négocier une conclusion au cycle de négociations de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Jeudi dernier, une adjointe de M. Kirk, Miriam Sapiro, était à Bruxelles, et y a exhorté l'UE à ouvrir son marché aux produits OGM.

D'après des économistes européens, la zone euro souffre d'un taux de change défavorable aux États-Unis. "Même si l'euro s'est déprécié face au dollar du fait de la crise de la dette publique, il reste surévalué", soulignait début février l'économiste en chef de la banque Natixis, Patrick Artus.

Il relevait que malgré une richesse comparable, la zone euro avait une devise au pouvoir d'achat de 15% à 20% plus élevé que le dollar.

Aucun économiste aux États-Unis ne juge le dollar sous-évalué. Lors d'une conférence du Fonds monétaire international jeudi, l'ancien conseiller du Trésor, Fred Bergsten, a estimé que le taux de change euro-dollar était proche de l'équilibre que justifient les fondamentaux économiques. Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a acquiescé.

AFP/VNA/CVN

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