À Lisbonne, une école perpétue l'art équestre portugais classé au patrimoine immatériel

Montée sur un marche-pied, Catarina Cabaça démêle puis brosse soigneusement la crinière d'un pur-sang lusitanien pour la tresser selon la tradition de l'art équestre portugais, classé début décembre au patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO et qu'une école à Lisbonne maintient vivante.

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Une cavalière de l'école d'art équestre de Lisbonne prépare un pur-sang lusitanien avant un spectacle de dressage à Lisbonne, le 15 janvier 2024 au Portugal. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous les préparons comme à l’époque !", explique à l'AFP cette soigneuse de chevaux, qui tresse une natte à trois brins, comme cela se pratiquait à la cour royale portugaise au 18e siècle, avant un spectacle de l'école d'art équestre de Lisbonne, qui propose un véritable voyage dans le temps.

Des cavaliers, montés sur des selles en peau de chamois ou de tapir, vêtus de costumes de gala avec manteaux de velours bordeaux, jambières en cuir et tricorne noir, enchaînent sur fond de musique classique des exercices chorégraphiés tels qu'ils se déroulaient à la cour royale.

Un pur-sang lusitanien de l'école d'art équestre de Lisbonne est préparé avant un spectacle de dressage à Lisbonne, le 15 janvier 2024 au Portugal. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nous sommes très impressionnés par ce que nous venons de voir", témoigne Thomas Goszczynsk, un retraité américain de 69 ans, après avoir assisté avec un groupe d'amis à ce spectacle qui perpétue "les traditions, l'artisanat, les compétences et la culture du passé".

Ce savoir-faire unique a amené le comité de l'Unesco, réuni en décembre au Paraguay, à inscrire l'art équestre portugais sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, s'ajoutant à d'autres traditions du pays ibérique, comme le fado, un chant traditionnel populaire empreint de mélancolie, reconnu en 2011.

"Identité collective"

La technique portugaise de dressage équestre constitue une "source d'identité collective" et "se caractérise par la position du cavalier sur la selle, ainsi que par la tenue traditionnelle et les harnais utilisés", a souligné l'agence onusienne.

Des cavaliers de l'école d'art équestre de Lisbonne se produisent avec un pur-sang lusitanien lors d'un spectacle de dressage à Lisbonne, le 15 janvier 2024 au Portugal. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Aujourd'hui, cet art continue d'être pratiqué au Portugal et à l'étranger grâce au travail de nombreux éleveurs, artisans et cavaliers au sein d'académies, de centres hippiques et d'établissements comme l'école portugaise d'art équestre, créée en 1979 et qui compte actuellement une soixantaine de chevaux et une douzaine de cavaliers.

"Nous sommes les gardiens de cet art national", souligne Luis Calaim, administrateur de Parques Sintra, l'entité publique qui gère l'école équestre.

Une soigneuse prépare un pur-sang lusitanien avant un spectacle de dressage à l'école d'art équestre de Lisbonne, le 15 janvier 2024 au Portugal. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette reconnaissance "est une responsabilité" car "nous jouons un rôle important dans sa préservation et sa divulgation", estime pour sa part Carlos Tomas, 46 ans, l'un des cavaliers de cette école prestigieuse depuis près de 20 ans.

L'art de l'équitation portugaise, qui se distingue aussi par l'harmonie entre le cavalier et l'animal, est intimement lié au cheval lusitanien, un pur-sang très ancien originaire du Portugal, qui jouit d'un grand prestige pour sa puissance, son allure relevée et agile mais aussi sa docilité et son obéissance.

Un cavalier de l'école d'art équestre de Lisbonne se produit avec un pur-sang lusitanien lors d'un spectacle de dressage à Lisbonne, le 15 janvier 2024 au Portugal. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"C'est un cheval unique, différent de toutes les autres races. (...) Je le vois comme un produit portugais d'excellence, tout comme l'huile d'olive, le vin ou le liège", commente Joao Pedro Rodrigues, maître-écuyer en chef de l'école équestre de Lisbonne.

AFP/VNA/CVN

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