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La bibliothèque-musée Inguimbertine, dans l'ancien hôtel-Dieu de Carpentras, le 19 avril dans le Vaucluse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous avons cherché à croiser les savoirs, +donner à lire+ dans le musée et +donner à voir+ dans la bibliothèque+", expliquent notamment les architectes de l'Atelier Novembre qui ont piloté l'aménagement de cette institution dans l'ancien hôtel-Dieu de cette ville du Sud de la France.
De la précieuse stèle antique de Taba, découverte à Memphis en Égypte et prêtée quelques mois au British Museum, à des manuscrits rares, comme une Bible vaudoise sur un parchemin illuminé dont seuls sept exemplaires existent au monde, en passant par des tableaux persans, la richesse des collections "est considérée hors échelle pour une ville d'un peu plus de 30.000 habitants", remarque le directeur du musée, Jean-Yves Baudouy.
Le fonds de l'Inguimbertine compte près de 100.000 livres papier ou numérique en prêt pour le grand public, mais aussi 1.200 tableaux, 500 statues et 3.400 manuscrits dont des centaines enluminés à la main.
Un trésor que cette ville doit à son passé d'État pontifical (du XIIIe au XVIIIe siècle), où les papes résidèrent un temps, mais surtout à l'un de ses enfants, Malachie d'Inguimbert (1683-1757).
Ainé d'une famille nombreuse, il devient prêtre et part à Rome pendant 26 ans. Il entre au service d'un cardinal, qui deviendra le pape Clément XII.
Nommé évêque dans sa ville natale, cet humaniste, convaincu que le savoir se transmet autant par l'image -dessins, tableaux-, que par l'écrit, ouvre au public sa bibliothèque-musée dès 1745.
Un air d'Italie
Le "Portrait de Malachie d'Inguimbert", du peintre français Denis Bonnet, à la bibliothèque-musée Inguimbertine, le 19 avril dans le Vaucluse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour lui, une bibliothèque n'accueille pas uniquement des livres mais doit être "le temple des muses" (arts), un concept plus commun en Italie qu'en France.
Il flotte d'ailleurs dans le musée actuel un air italien, car à l'époque, rappelle M. Baudouy, Carpentras et le Comtat Venaissin, cet Etat rattaché à Rome, "ont été une terre de transmission de la culture italienne vers la France".
Dans le nouveau musée situé dans l'ancien hôtel-Dieu, que d'Inguimbert fit construire pour soigner les pauvres, le visiteur, après avoir gravi l'escalier d'honneur, est replongé dans l'atmosphère de cette bibliothèque du XVIIIe siècle.
Dans une salle à la lumière tamisée, les livres anciens tapissent les murs dans des caissons d'époque, ornés de tableaux.
Les manuscrits précieux peuvent être feuilletés virtuellement.
Une partie de la collection des dessins d'animaux et des livres de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), astronome et scientifique provençal parmi les plus réputés de son époque en Europe, est aussi exposée.
D'Inguimbert les avait achetés car l'homme d'église, dans l'esprit des Lumières, avait soif de connaissances dans tous les domaines.
Plus loin, les visiteurs découvrent les beaux livres de Casimir Barjavel, ex-maire de Carpentras au XIXe siècle, auteur également d'une importante donation.
De précieux objets religieux juifs rappellent aussi l'importance de cette communauté dans cette cité connue pour sa synagogue rococo.
AFP/VNA/CVN