À Milan, les icônes du design italien retrouvent leur splendeur d'antan

Ancrées dans l'imaginaire collectif, les icônes créées par les grands maîtres du design italien comme Gio Ponti, Ettore Sottsass ou Mario Bellini ont retrouvé une nouvelle vie, grâce aux rééditions de ces meubles vintage omniprésentes au Salon du meuble de Milan.

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Le canapé "Bocca" (Bouche), conçu en 1971, présenté par Gufram au Palazzo Litta, lors du Salon du meuble de Milan, le 15 avril. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Salvatore Licitra, petit-fils de Gio Ponti (1891-1979), fait glisser sa main délicatement sur le canapé en cuir vert, baptisé Due Foglie (Deux Feuilles) en raison de sa forme incurvée et douce, qui a été conçu en 1957 par le célèbre designer et revisité par le groupe Molteni.

Un peu plus loin, sur le même stand, il retrouve avec émotion un autre de ses chefs-d'oeuvre, le fauteuil Continuum de 1963 dont la structure est façonnée dans une ligne continue en canne de rotin.

Un meuble qui lui rappelle son enfance, car il trônait à l'entrée du studio de son grand-père à Milan.

La "Mamma Chair" du designer italien Gaetano Pesce (édition 1973-88 de l'original de 1969) exposée au Design Museum de Londres, le 13 octobre 2022. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je suis content que l'on redécouvre un patrimoine qui n'était pas très connu car à l'époque il n'y avait pas de réseau de distribution. Maintenant, ces meubles tombés dans l'oubli existent à nouveau, ont un nom, une histoire", confie Salvatore Licitra.

"Pour Ponti, le mobilier avait sa dignité comme s'il s'agissait d'une sculpture, il avait sa propre vie et était libre, telle une œuvre d'art", dit M. Licitra, 71 ans, qui gère avec passion et minutie les archives de son illustre ancêtre.

Suscitant un grand intérêt dans le monde, les œuvres de Gio Ponti, qui cherchait à la fois "la fonctionnalité et la beauté", sont très appréciées des Japonais qui "me demandent toujours où se trouve sa tombe pour pouvoir la visiter", assure son héritier.

Un salon de la Villa Planchart, construite et décorée par l'Italien Gio Ponti entre 1953 et 1954, dans le quartier Colinas de San Román, à Caracas, le 29 septembre 2021. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Objets culte de Memphis

Dans un tout autre registre, le Groupe Memphis, mouvement éphémère du "design radical" et anticonformiste créé en 1981 par Ettore Sottsass, a refait surface.

Dissous peu après le départ de son fondateur en 1985, il a cassé les codes bourgeois de l'époque avec des objets pop frôlant le kitsch et des formes géométriques.

"Le monde vit un moment de grisaille et de guerres, et les gens cherchent donc à se rasséréner en achetant des produits qui les égaient", explique Charley Vezza, PDG de la société Italian Radical Design, qui regroupe les marques Memphis Milano, Gufram et Meritalia.

Des meubles dans une pièce de la Villa Planchart, construite et décorée par l'Italien Gio Ponti entre 1953 et 1954, dans le quartier Colinas de San Román, à Caracas, le 29 septembre 2021. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Personne n'a jamais jeté un meuble de Memphis, il a une certaine valeur, c'est un objet culte qu'on revend aux enchères", assure ce jeune entrepreneur âgé de 37 ans.

La mythique bibliothèque Carlton d'Ettore Sottsass, une pièce de collection surréaliste aux allures de totem créée en 1981 qui rejette tout concept de fonctionnalité, vaut ainsi plus de 15.000 euros.

Gufram a réédité à son tour une série limitée de Cactus, portemanteau vert et ludique inventé en 1972 par Guido Drocco et Franco Mello, en violet, bleu et rouge.

Et Meritalia a relancé la production des oeuvres du designer visionnaire Gaetano Pesce décédé début avril à 84 ans.

Parmi elles, son canapé ludique et modulable La Michetta de 2005, inspiré de ces petits pains soufflés milanais.

Une histoire à raconter

La bibliothèque Carlton d'Ettore Sottsass exposée au Musée des Arts Décoratifs de Paris, le 17 octobre 2018. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Les rééditions apportent un certain réconfort" aux acheteurs, "psychologique par le lien avec les racines du passé, mais aussi par la valeur économique qu'elles acquièrent au fil du temps", commente Maria Porro, présidente du Salone del Mobile.

Les murs du stand de Tacchini sont tapissés de photos des maestros du design et de leurs oeuvres, assorties de notes retraçant leur histoire. Fille du fondateur de l'entreprise familiale et son PDG, Giusi Tacchini ne cache pas sa passion pour ces icônes.

"Nous recherchons des pièces du passé qui ont une histoire à raconter. Il ne s'agit pas toujours de créateurs célèbres, mais aussi de designers inconnus ou peu connus", raconte-t-elle.

"Ce sont des produits qui ne suivent pas les modes du moment, des grands classiques que l'on aime aujourd'hui et qui seront encore beaux dans dix, vingt ou cinquante ans", s'émerveille-t-elle.

Le canapé Le Mura (Les murs), créé en 1972 par le designer renommé Mario Bellini, 89 ans, a été ainsi réédité en 2022, en utilisant de nouveaux matériaux et revêtements, tout en respectant l'original.

"Le Mura a été choisi pour ses lignes pures et son caractère", explique Giusi Tacchini. "C'est un mélange parfait d'intemporalité et de sensualité qui, pour nous, fait le succès d'un produit".

AFP/VNA/CVN

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