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Des visiteurs prennent part à une expérience de réalité virtuelle lors de l’exposition “Paris 1874. Inventer l’impressionnisme” au Musée d’Orsay, à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Près de 160 œuvres (tableaux, pastels, dessins, sculptures, gravures...), incluant de nombreux prêts étrangers exceptionnels, sont rassemblées sous l’intitulé “Paris 1874. Inventer l’impressionnisme”. Une vingtaine d’entre elles proviennent des États-Unis, où l’exposition sera présentée à la National Gallery of Art de Washington, co-organisatrice, à partir de septembre. Parmi celles-ci : Boulevard des capucines de Claude Monet (Kansas City), Classe de danse d’Edgar Degas (MET New York), Le chemin de fer et Le bal de l’opéra d’Edouard Manet (Washington).
Une expérience de réalité virtuelle, créée pour l’occasion, accompagne l’exposition des toiles physiques (26 mars-14 juillet) et sera prolongée jusqu’au 11 août pour permettre aux visiteurs des Jeux olympiques de Paris d’en bénéficier, selon le musée.
S’affranchir
Fort de ses récentes recherches, le musée d’Orsay, temple mondial de l’impressionnisme, a souhaité restituer un moment précis de l’histoire de l’art. “La toute première exposition impressionniste, ouverte à Paris le 15 avril 1874, dans l’atelier du photographe Nadar (alias Gaspard Félix Tournachon) boulevard des Capucines”, explique Sylvie Patry, commissaire de l’exposition avec Anne Robbins.
À l’époque, elle n’en porte pas encore le nom. C’est une exposition indépendante organisée par un groupe d’une trentaine d’artistes de tous horizons qui veulent s’affranchir des règles et des parcours établis.
Ce sera “un flop économique” (quatre tableaux vendus sur 200 exposés, ndlr) mais un tremplin pour la notoriété de ces artistes dont le style va révolutionner la peinture, selon les commissaires.
Une visiteuse devant le tableau Boulevard des Capucines de Claude Monet lors de la visite de l’exposition “Paris 1874. Inventer l’impressionnisme” au Musée d’Orsay, à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
C’est un critique d’art qui, par moquerie, baptise ce style “impressionniste” en contemplant Impression, soleil levant, un des tableaux de Claude Monet exposés pour l’occasion, souligne Mme Patry. Il représente le port du Havre au lever du soleil, une sphère orange se détachant sur fond de brumes et reflets maritimes bleutés.
Dotés de casques de réalité virtuelle, les visiteurs revivent aussi, s’ils le souhaitent, la soirée d’inauguration de l’exposition de 1874. Pendant près d’une heure, ils côtoient sur deux étages Renoir, Monet, Degas, Pissaro, Cézanne et leurs œuvres, parmi lesquelles celles d’une femme, Berthe Morisot.
“Une centaine de casques de réalité virtuelle sont mis à la disposition du public sur un espace d’environ 550 m² pouvant accueillir jusqu’à 80 personnes en même temps, par petits groupes de trois à six personnes”, selon Agnès Abastado, cheffe du service du développement numérique d’Orsay et du musée de l’Orangerie.
Guinguette 3D
Cette expérience, bluffante par la précision du réel illusoire qu’elle crée - au point de vouloir s’asseoir sur un canapé qui n’existe pas - reconstitue aussi très précisément des moments en extérieur : guinguette des bords de Seine, balcon d’où Monet a peint le port du Havre, rue de Paris avec ses fiacres et les falaises d’Etretat en Normandie, où un chiot le conduit au chevalet d’une femme peintre, assise de dos.
Des visiteurs devant le tableau "La Danseuse" d'Auguste Renoir lors de la visite de l'exposition "Paris 1874. Inventer l'impressionnisme" au Musée d'Orsay, à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme dans l’exposition physique, elle introduit aussi le visiteur au Salon, “l’exposition officielle incontournable de l’art contemporain de l’époque avec un jury aux goûts plutôt conservateurs”, dit Mme Patry.
“La France sort de la guerre franco-allemande de 1870 perdue contre la Prusse et d’une guerre civile meurtrière, la Commune. On attend alors de l’artiste qu’il restitue une histoire. Les impressionnistes, eux, veulent peindre le monde tel qu’il est, en plein changement. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, c’est l’industrie, les grandes villes, la globalisation et ils estiment que la peinture doit refléter ce monde moderne”, détaille la spécialiste.
“Ils vont s’intéresser à des sujets nouveaux : les chemins de fer, le tourisme, le monde des spectacles, et mettre au cœur de leur peinture la sensation, l’impression, l’instant présent. Ils sortent de l’atelier et des codes, peignent dans la lumière naturelle”, ajoute-t-elle.
Tout au long de l’année, le musée d’Orsay a par ailleurs prêté quelque 180 des 400 chefs-d’œuvre de sa collection permanente à 34 villes et musées de France. Ils seront de retour à Paris début juillet.
AFP/VNA/CVN