A, ă, â … Le vietnamien enseigné aux États-Unis !

À côté de l’anglais devenu leur langue maternelle, beaucoup d’enfants vietnamiens vivant aux États-Unis apprennent également la langue de leurs ancêtres. Les cours de vietnamien deviennent alors indispensables pour de nombreuse familles expatriées.

Dans n’importe quel État des États-Unis, il y a au moins une classe ou un centre d’enseignement du vietnamien. On peut les trouver aussi bien au sein d’une église, d’un autre lieu de culte que dans un centre culturel. Chaque week-end, des enfants vietnamiens s’y rendent pour apprendre la langue maternelle de leurs parents.

Dans le Sud de la Californie où vivent un grand nombre de Vietnamiens, on dénombre déjà plus de 80 lieux dispensant des cours de vietnamien. Chacun peut accueillir entre 100 et 150 élèves. Au total, pas moins de 15.000 enfants, éparpillés dans cet État de l’Ouest des États-Unis, sont concernés. Le centre bouddhique Liên Hoa est un exemple de la qualité de l’enseignement du vietnamien outre-Atlantique. Il a vu le jour, il y a dix ans, et dispense aujourd’hui des cours de vietnamien à environ

Un cours de vietnamien au centre Hông Bàng

150 élèves du CP à la 6e. À côté de ces cours, les élèves peuvent également partager un déjeuner pour une somme modique. Les enseignants, quant à eux, travaillent tous à titre bénévole. Cao Ngoc Diêp, la responsable de ce centre, rappelle volontiers les raisons de son existence : «Ce qui est important c’est de voir la deuxième génération de Vietnamiens résidant aux États-Unis pratiquer notre langue maternelle pour qu’elle ne sombre jamais dans l’oubli».

Un autre centre dénommé Công doàn, situé à Westminster, poursuit ces nobles objectifs depuis une trentaine d’années. Dirigé par Trân Hông Chi, le centre attire un nombre considérable d’élèves. Il compte 14 classes différentes de l’école primaire à la seconde et une réservée aux plus grands n’ayant jamais pratiqué le vietnamien. Là aussi, tous les enseignants sont bénévoles et les frais dont doivent s’acquitter les parents restent modérés. Cette somme permet d’acheter des manuels, des récompenses, d’organiser des fêtes et des activités extrascolaires pour les élèves.

Un cours de vietnamien au centre Công doàn Westminster.
Photo : CTV/CVN

Au Sud de la Californie, on trouve deux centres d’enseignement du vietnamien de taille considérable. Chacun réunit au moins 800 élèves. L’un d’entre eux, dénommé Hông Bàng, a été créé lors de l’année scolaire 1992-1993 avec un effectif initial de 60 élèves seulement. Le temps faisant, ce chiffre a grimpé au-delà de toute espérance. Grâce aux Vietnamiens expatriés promouvant activement l’apprentissage de leur langue maternelle, le centre compte aujourd’hui 800 étudiants, assurés de ne pas oublier leurs racines. «Au rythme où nos effectifs augmentent, nous avons dû louer un autre lieu, une école américaine à Garden Grove, permettant au centre de proposer actuellement 25 cours différents. Le nombre de professeurs est impressionnant à lui seul : environ 80 personnes qui dispensent des cours volontairement. Leur seule motivation est leur attachement profond à la langue vietnamienne et leur volonté de la transmettre à leurs élèves. Leur contribution est inestimable à nos yeux !», nous a confié Huynh Thi Ngoc, membre du comité d’administration de Hông Bàng.

Les écoles donnant des cours de vietnamiens ne manquent pas aux États-Unis : à Denver dans le Colorado, une école construite par les expatriés vietnamiens compte 800 élèves, un même type d’établissement existe en Louisiane et bien d’autres encore à Portland dans l’Oregon.

En plus, certains lycées en Californie proposent des cours de vietnamien en tant que langue étrangère. Plusieurs grandes universités comme UCLA ou Cal State Long Beach, offrent également des spécialisations en vietnamien. Quyên Di, professeur de vietnamien dans ces deux universités en Louisiane remarque ainsi que «l’apprentissage du vietnamien devient une activité culturelle majeure pour les Vietnamiens d’outre-mer».

Une langue dorée …

Au centre Công doàn Westminster, la sonnerie annonçant le début du cours retentit. Immédiatement, un jeune élève se présente à l’entrée de la classe et demande la permission de prendre place. Lorsqu’on lui demande pourquoi il se rend dans cette école, la réponse fuse naturellement «Je veux apprendre la langue maternelle de mes parents!». Pour Thuy Vi, une autre élève, elle raconte : «Mes parents m’y ont emmenée quand j’ai commencé l’école maternelle. Après, c’est moi qui l’ai demandé. J’aime apprendre le vietnamien. Je suis heureuse d’apprendre une deuxième langue qui est en plus la langue de mes ancêtres». Elle n’oublie pas de préciser que l’apprentissage n’est pourtant pas facile pour elle.

Les Américains d’origine vietnamienne de la 2e ou 3e génération font la fierté de leurs parents et de leurs grands-parents lorsqu’ils parlent cette langue monosyllabique. Désormais, les familles Viêt kiêu ayant des enfants en bas âge sont obligées de passer par des cours pour transmettre leur patrimoine linguistique. Les parents sont de plus en plus conscients de l’importance de l’âge auquel l’enseignement commence. Plus celui-ci est précoce, plus l’acquisition sera aisée pour les enfants.

Minh Thu, ex-apprentie du centre Công doàn Westminster, aujourd’hui enseignante, insiste : «Apprendre la langue maternelle de nos parents est primordial. Bien sûr, les Vietnamiens des États-Unis doivent également connaître l’anglais pour pouvoir s’intégrer. Il nous faut donc maîtriser, avec la même aisance, les deux langues». Avec une telle force de conviction, la langue et les traditions vietnamiennes ne devraient pas s’éteindre de si tôt !

Diêu An/CVN

 

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