Toulouse : itinéraire d’un ancien animateur Viêt kiêu de Radio occitane

«Au cours des six dernières décennies, nous n’avons cessé de songer à revenir dans notre pays natal - le Vietnam. Ainsi, gardons-nous toujours la nationale vietnamienne, car c’est ce qui nous permettrait d’y rentrer en cas de conditions favorables».

C’est ce que désire et ce à quoi aspire Ngô Thiên Hon, âgé de 79 ans, qui vit et travaille en France depuis 1952. Nous l’avons rencontré lors de notre mission dans la «Ville rose», Toulouse (Sud-Ouest de la France), à plus de 700 km de Paris.

Ngô Thiên Hon et sa femme.


Lors de notre rencontre, M. Hon nous a raconté avec enthousiasme les années de ses riches activités avec l’Union des associations des Vietnamiens en France (aujourd’hui devenue la Maison Vietnam à Toulouse), ainsi que les activités révolutionnaires durant les années de lutte anti-colonialiste et anti-impérialiste jusqu’à la Réunification nationale (30 avril 1975).
Lui et ses acolytes ont participé aux meetings et campagnes de propagande et de sensibilisation auprès «des gens dans les rangs adverses» et de Français «sympathiques», attentifs à la cause du peuple vietnamien. Ils ont organisé le Têt traditionnel pour les Viêt kiêu dans la ville avec de nombreux programmes artistiques (chants, danses, etc.), ce visant à consolider la solidarité au sein de la communauté des Vietnamiens et à aider ces derniers à alléger le mal du pays, toujours à fleur de peau au moment de l’arrivée du Printemps et du Têt traditionnel. C’est d’ailleurs grâce à ces activités communautaires autant agitées que diversifiées qu’il a trouvé «sa moitié» - Nguyên Ngoc Anh, un «joli brin de jeune fille» -, qui sera une compagne et collaboratrice fidèle lors des activités qu’il mènera ultérieurement.
Début 1975, les deux époux cherchent un endroit pour ouvrir un restaurant vietnamien, qui leur permet non seulement d’intensifier les activités de propagande et d’informations, d’avoir un revenu stable, mais aussi de garder la nationalité vietnamienne et de profiter du soutien et de l’aide des amis français. Le restaurant constitue dès lors un lieu de rendez-vous, de débat sur des questions relatives au Vietnam.
Animateur à la Radio Occitanie
Après 1981, année qui marque l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République française, des radios libres sont autorisées à être créées. Un bouleversement dans le paysage médiatique du pays. Six mois plus tard, grâce à l’aide des amis progressistes français, la Radio Occitanie réserve à la diaspora vietnamienne à Toulouse une émission intitulée Gió Mùa (Au-delà des Moussons), avec une heure d’antenne. Ce programme est divisé en deux parties : la première, d’une demi-heure, traite des informations sur le Vietnam et la 2e laisse la place belle aux reportages ou textes concernant la culture, l’homme et la vie au Vietnam.

Lors de notre rencontre, M. Hon nous a raconté avec enthousiasme les années de ses riches activités avec l’Union des associations des Vietnamiens en France.


M. Hon précise que toutes les informations et reportages concernant le Vietnam dans l’émission Gió Mùa furent extraits ou recueillis auprès d’un certain nombre de journaux vietnamiens, notamment Báo Anh Viêt Nam (Vietnam illustré), Lao dông (Travail), Sài Gon giai phóng (Saigon libéré), Van hoá và van nghê (La culture et les arts) du Delta du Mékong, Sông Huong (La rivière des Parfums) de Huê, etc. Et c’est lui qui était chargé d’animer l’émission, suppléé par plusieurs collaborateurs et collaboratrices qui furent pour l’essentiel des étudiants et Viêt kiêu de la ville.
D’après Truong Hông Liêm, président de la Maison Vietnam à Toulouse et l’un des «producteurs» de l’émission, Gió mùa était le canal d’informations officiel de la Communauté des Vietnamiens à Toulouse. Ce qui permit d’ailleurs de rétablir la vérité sur plusieurs informations sur le Vietnam erronées et falsifiées par les forces hostiles et anti-Vietnam après 1975 et, d’une pierre, deux coups, de mieux faire comprendre à ces dernières -tout au moins à celles ouvertes au dialogue - les politiques tolérantes et de bonne volonté du Vietnam, minimisant ainsi leur hostilité à l’encontre du pays.

Mme Nguyên Ngoc Anh (à gauche) ne cache pas sa fierté en présentant aux journalistes ses photos de souvenirs.


Malheureusement, certains collaborateurs et collaboratrices abandonnèrent Gió Mùa, l’activité étant tout sauf lucrative. Le programme se heurta à maintes difficultés, avec le risque de tout simplement disparaître des ondes. Mais M. Hon, déterminé comme jamais, chercha par tous les moyens à le maintenir et le développer, avec notamment l’implémentation d’un journal d’informations en français durant les dix dernières minutes de l’émission. Ce pour toucher un public moins exclusif, que ce soit les Français ou bien les Vietnamiens vivant et travaillant depuis longtemps en France, ainsi que les enfants Viêt kiêu de 2e et 3e générations.
Par ailleurs, M. Hon et sa femme participent également à l’Association d’entraide franco-vietnamienne dans la réalisation du «Projet pour redonner la vue aux aveugles et malvoyants» avec une devise simple et efficace : 35 euros pour permettre à une personne de recouvrer la vue.
Avec pour fil conducteur de conserver et mettre en exergue les valeurs culturelles traditionnelles et les réalisations socio-économiques du Vietnam, de développer les belles relations de coopération traditionnelle entre le Vietnam et la France, le couple envisage d’enseigner le Vietnamien à leurs enfants et nièces, ainsi qu’à d’autres Viêt kiêu de 2e et 3e génération.

Lê Hà – Trong Tuyên

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