Dô Viêt Tuân raconte qu’il a créé son premier objet artisanal alors qu’il n’était encore que collégien. «Ma famille avait une épicerie et vendait des bâtonnets de glace. Je voyais les clients venir en acheter et jeter ensuite les bâtons de bois partout dans la rue. Je les ai alors ramassé avec la simple idée de les réutiliser plus tard», raconte-t-il.
Lorsque sa collection fut suffisante, Tuân réussit à faire sa première création : une maison miniature en bâtonnets de bois usagés. Les compliments et l’admiration de ses amis lui ont alors donné la motivation pour se lancer dans d’autres créations, avec des matières recyclées ou non, qu’il offrait pour les anniversaires et les fêtes.
Même pendant ses études à l’Université de droit de Hanoi, Tuân continuait sa passion en dehors des cours. «Un jour, j’ai vu une émission sur la chaîne VTV 2, et j’ai une vision plus claire et plus profonde sur cette activité», confie-t-il. Et sa passion s’est renforcée. «Je fréquente des sites web et des boutiques, pour apprendre à fabriquer divers types d’objets avec toutes sortes de matières de la vie quotidienne. Et je me suis inscrit à des groupes pour échanger les expériences», ajoute-t-il.
Le jeune Dô Viêt Tuân et son émission télévisée «D.I.Y Let’s go !», chaque mois sur Youtube. |
Au fur et à mesure, il est devenu un vrai professionnel et sait aujourd’hui fabriquer beaucoup d’objets, avec un style très personnel : porte-clés, boîte à clés, accroches murales, cartes de vœux, sacs de cadeaux, etc.
Après deux ans à l’université, Tuân a décidé d’interrompre ses études et de s’installer à Hô Chi Minh-Ville. Il gagne alors sa vie avec toutes sortes de petits jobs : serveur, collaborateur pour plusieurs journaux, vendeur, tout en nourrissant sa passion pour l’artisanat. Et il s’inscrit dans divers groupes de créateurs d’objets faits main. «Un jour, je me suis demandé pourquoi je ne réaliserai pas moi-même un TV show sur les méthodes de fabrication, sur les réseaux sociaux, raconte-t-il. Quelques jours plus tard, j’ai décidé de me lancer». Et avec huit de ses amis, il imagine une émission mensuelle qu’il baptise «D.I.Y Let’s go !». D.I.Y, c’est-à-dire «Do it yourself» en anglais.
Le tournage d’une émission «D.I.Y Let’s go !». |
À succès !
Dans un premier temps, l’équipe de Tuân rencontre maintes difficultés pour concrétiser son projet, et elle se débrouille comme elle peut pour financer l’équipement et le personnel, trouver des caméramen et des scénaristes. Mais le jeune homme ne lâche pas. Et pour son pilote, il choisit une occasion bien appropriée et propice à fabriquer soi-même des objets : la Saint-Valentin. Le 14 février 2012, il diffuse ainsi sa première émission sur Youtube, et fait un tabac auprès des jeunes. Un succès qui lui a permis de réaliser d’autres enregistrements.
«Via ces émissions, je voudrais transmettre un message : n’importe qui peut fabriquer par lui-même n’importe quoi !». Tuân affirme que ses émissions respectent toujours trois principes : simple à comprendre, simple à trouver et simple à fabriquer. Outre les séquences d’apprentissage, Tuân enrichit ses émissions par des rencontres avec de jeunes fabricants talentueux, et la présentation de collections originales, et de nouveautés sur les produits faits main. Un point fort pour faire monter l’audimat : bon nombre de jeunes ont déclaré vouloir participer directement au tournage, être invités ou simples présentateurs.
Des jeunes fabricants talentueux. |
Le succès des émissions est tel que le jeune entrepreneur organise des foires de produits artisanaux baptisées D.I.Y Craftfair, lieu de rencontre et d’échange pour les passionnés. Aujourd’hui, cinq foires ont été organisées. «Quand je vois que les jeunes clients trouvent ce qu’ils cherchent, et que les artisans vendent leurs fabrications, je sais que j’ai créé une belle passerelle pour les amateurs du fait main !», confie Tuân.
Plus ambitieux, Tuân révèle que prochainement, son équipe et lui vont produire des émissions de type télé-réalité. Et une compagnie vietnamienne l’a invité à collaborer pour créer une page web sur l’art de l’artisanat.
Linh Thao/CVN